Déremboursement dans l’arthrose

L’Aflar toujours mobilisée

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Publié le 04/10/2017
AFLAR

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Crédit photo : DR

« Toujours + d’Arthrose Toujours - de Remboursement ». C’est avec ce message que l’Aflar a engagé, en cette rentrée, un nouveau combat contre le déremboursement des médicaments de l’arthrose. « Nous nous étions déjà mobilisés pour le maintien de la prise en charge des anti-arthrosiques symptomatiques d’action lente (AASAL). Sans succès puisqu’ils ont été au final totalement déremboursés. Aujourd’hui, on se bat pour que cette mesure ne soit pas appliquée à la viscosupplémentation », indique le Dr Laurent Grange, rhumatologue au CHU Grenoble-Alpes et président de l’Association française de lutte antirhumatismale (Aflar).

Une action devant le Conseil d'État

En juin, le ministère de la Santé a déremboursé les dispositifs médicaux d’acide hyaluronique en intra-articulaire. « Il reste deux dispositifs médicaux qui restent remboursés à titre provisoire car les industriels ont engagé une action devant le Conseil d’État mais on peut craindre qu’ils soient aussi déremboursés ainsi que le seul acide hyaluronique enregistré en tant que médicament », indique le docteur Grange qui, en septembre, a cosigné une lettre ouverte à Emmanuel Macron avec le DrPierre Monod, président du Conseil national professionnel de rhumatologie.

« Aujourd’hui, nous craignons que les solutions d’acide hyaluronique, traitement spécifique de la gonarthrose, ne soient prochainement totalement déremboursées, privant ainsi les patients souffrant d’arthrose du genou du dernier traitement spécifique de leur maladie encore pris en charge par la collectivité (…). Il existe de nouveaux arguments scientifiques, portés par plusieurs publications récentes, qui soulignent l’efficacité et la bonne tolérance de ce traitement par rapport aux autres utilisés dans l’arthrose du genou », indique cette lettre au président de la République.

Médecine à deux vitesses

Ce courrier affirme aussi que les patients les plus pauvres vont être touchés par une « double peine » : celle d’être à la fois malade et dans l’incapacité d’accéder à des soins par manque de moyens financiers. « Avec l’augmentation de la TVA, il faudra compter, en cas de déremboursement, entre 140 et 150 euros pour trois injections. On s’oriente vraiment vers une médecine à deux vitesses », s’indigne le président de l’Aflar, en précisant que 382 000 personnes ont signé une pétition pour s’opposer à ce déremboursement.

L’Aflar continue aussi de travailler sur les états généraux de l’arthrose qui ont conduit en 2016 à la publication d’un Livre Blanc. « Ce document regroupe 79 propositions dont 21 ont été jugées prioritaires à la suite d’un sondage réalisé par plus de 4 300 répondants », indique le Dr Grange.

L’Aflar a engagé le même processus pour améliorer la prise en charge de l’ostéoporose avec la présentation de la synthèse des états généraux le 17 octobre prochain au Sénat. « À cette occasion, nous rendrons publique une enquête conduite auprès de 400 patients sur l’impact de la maladie. Nous dévoilerons aussi un Livre Blanc réalisé à partir de réunions organisées dans dix villes en France avec tous les acteurs de la prise en charge. Ce Livre Blanc comprendra sept propositions permettant l’amélioration de la prise en charge de l’ostéoporose en France », indique le Dr Grange.

Une hausse de 10 % des fractures

« À travers ses états généraux, nous souhaitons dénoncer l’état catastrophique de la prise en charge de l’ostéoporose, poursuit-il. Avec l’Assurance-maladie, nous avons constaté, en 2014, une diminution de 6 % des prescriptions de densitométrie osseuse et une baisse de 10 % des traitements prescrits. Dans le même temps, on a recensé une hausse de 10 % de fractures. C’est le signe d’un désinvestissement total de la prise en charge de l’ostéoporose. On constate certes une augmentation de la prescription de calcium vitaminée mais une baisse de tous les autres traitements. Or, on sait que la supplémentation vitaminée ne suffit pas pour prévenir une fracture ».

L’Aflar va aussi poursuive le développement de son pôle d’éducation thérapeutique. « Nous avons développé le premier serious game français et même sans doute européen pour les patients RIC sous biothérapies. Le but de ce jeu vidéo, qui a été présenté à l’Eular, est d’améliorer la compétence des patients dans la gestion de ces traitements. Nous avons aussi développé « Voleur d’os », une application dont le but est d’améliorer l’image et la prise en charge de l’ostéoporose, maladie qui concerne près de 4 millions de personnes en France », indique le Dr Grange.

D’après un entretien avec le Dr Laurent Grange, rhumatologue au CHU Grenoble Alpes et président de l’Association française de lutte antirhumatismale (Aflar).

Antoine Dalat

Source : lequotidiendumedecin.fr