DE NOTRE CORRESPONDANTE
LA SARCOPÉNIE, une perte cruciale de la masse et de la fonction musculaire due au vieillissement, augmente le risque de chutes et de fractures et contribue à l’invalidité et à la mortalité des sujets âgés. C’est un problème de santé publique, qui concerne 25 % des sujets de moins de 70 ans et 40 % des sujets âgés de plus de 80 ans.
Les mécanismes moléculaires sous-jacents sont mal compris. Toutefois, une augmentation du signal TGF-beta (Transforming Growth Factor-beta) liée à l’âge pourrait y contribuer, en inhibant la fonction des cellules satellites et en perturbant la réparation musculaire. De plus, de récentes études ont montré que le losartan, un antagoniste des récepteurs de l’angiotensine II utilisé dans le traitement de l’hypertension, inhibe le signal TGF-beta et favorise le remodelage musculaire dans des modèles murins de myopathie et de lésion musculaire.
Dans ce contexte, une équipe de Johns Hopkins (Baltimore), dirigée par le Dr Ronald Cohn, a cherché à savoir dans un modèle murin âgé si le losartan pourrait être bénéfique sur deux troubles du muscle sarcopénique - sa moindre capacité à se régénérer après blessure, et l’atrophie due à l’inactivité ou l’immobilisation.
Amélioration de la régénération musculaire.
Les chercheurs ont découvert que le losartan est effectivement capable d’améliorer la régénération musculaire après une lésion induite par une cardiotoxine ; les souris âgées développent moins de fibrose et présentent une meilleure fonction musculaire. Cet effet du losartan est dû à l’inhibition du signal TGF-beta.
Encore plus intéressant, les chercheurs ont constaté que, chez les souris âgées dont les pattes arrières sont immobilisées, les fibres des muscles inutilisés ne régressent pas simplement (comme cela est observé chez les souris jeunes) mais meurent et sont perdues. Cette perte de masse musculaire est complètement prévenue par un traitement avec losartan. De façon inattendue, cet effet protecteur du losartan n’est pas médié par le signal TFG-beta mais par une activation accrue de la voie IGF-1/Akt/mTOR.
Ainsi, le blocage du récepteur AT1 améliore le remodelage musculaire et protège contre l’atrophie de l’inactivité, en régulant les cascades des signaux TGF-beta et IGF-1/Akt/mTOR, deux voies cruciales pour l’homéostasie du muscle squelettique.
Si ces résultats sont prometteurs, il reste à savoir si ce traitement pourrait être sur et efficace contre la sarcopénie du sujet âgé.
Le Dr Cohn et son équipe planifient maintenant une étude clinique aux centres Johns Hopkins, pour déterminer si le losartan pourrait améliorer la récupération après chirurgie et/ou immobilisation chez les sujets âgés, et définir la dose optimale.
Science Translational Medicine, Burks et coll. 11 mai 2011
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