Prothèses d’épaule et omarthrose

Les clés de l’excellence

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Publié le 07/04/2016
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Crédit photo : PHANIE

Les prothèses d’épaule ont beaucoup évolué ces dernières années, tant par leur qualité que par leur diversité pour s’adapter à la pathologie (omarthrose primitive ou secondaire) et au patient. Le recul sur leur durée de vie est maintenant d’au moins 20 ans.

Les prothèses totales dites anatomiques (avec pièce humérale et glénoïdienne fixée en position anatomique) sont indiquées dans l’omarthrose primitive avec coiffe des rotateurs fonctionnelle. Elles ont pour principale complication le descellement de la glène. « L’imagerie 3D permet de les personnaliser, de façonner une glène sur mesure et de limiter ainsi le risque de descellement », précise le Dr Noël. Lorsque le stock osseux au niveau de l’omoplate est insuffisant, la chirurgie à minima avec prothèse humérale simple donne d’assez bons résultats sur la douleur.

Les prothèses totales inversées (une partie creuse à l’extrémité supérieure d’une tige au niveau de l’humérus et une boule implantée au niveau de la glène de l’omoplate) connaissent un développement important. Indiquées quand la coiffe des rotateurs est rompue (ou fine et peu fonctionnelle), elles étaient autrefois réservées aux patients de plus de 75 ans. Le recul et leur meilleure durée de vie ont étendu leur champ d’utilisation. « C’est un progrès majeur pour les patients, indique le Dr Noël. Dans les pathologies catastrophiques de l’épaule face auxquelles nous étions démunis, il existe désormais une solution chirurgicale. Même si en théorie il est préférable de faire coïncider l’âge de l’intervention avec la durée de vie de la prothèse, il ne me semble pas raisonnable de laisser un patient souffrir le martyre plusieurs années à un âge où il a besoin de son épaule. Le facteur limitant n’est plus la durée de vie de la prothèse, mais le risque lié à l’anesthésie. Que le patient ait 60 ou 85 ans, la question est de savoir si son état général permet ou non l’intervention ». Ces prothèses, mises au point dans les années quatre-vingt-dix par un chirurgien lyonnais, le Dr Paul Grammont, étaient à leurs débuts trop contraintes. Elles sont maintenant beaucoup plus fonctionnelles. L’élévation est assez satisfaisante, la rotation interne main dans le dos ne l’est pas toujours et la rotation externe coude au corps reste parfois un peu limitée.

Une prise en charge multidisciplinaire

« Il existe aujourd’hui des solutions chirurgicales pour les lésions arthrosiques de l’épaule provoquant des douleurs résistantes au traitement médical. Elles sont très performantes en termes de résultat sur la douleur. Elles sont d’autant plus satisfaisantes sur la fonction que l’indication est posée au bon moment et que l’on aura ni temporisé ni tergiversé pour passer la main. En effet, lorsque l’arthrose est en rapport avec une dysplasie de la glène, attendre risque de compliquer techniquement l’intervention du fait d’une réduction du stock osseux. D’où l’importance d’une bonne concertation médicochirurgicale », rappelle le Dr Noël.

Le bilan diagnostique repose sur l’arthroscanner ou l’IRM qui permet d’analyser la qualité musculotendineuse de la coiffe et d’orienter le choix du type de prothèse. La chirurgie soulage rapidement les douleurs. L’objectif de la rééducation est de récupérer des amplitudes satisfaisantes à 3 mois, optimisées à 6 mois et pouvant s’améliorer jusqu’à 2 ans postopératoire.

Le Dr Noël invite à retenir les clés de la réussite : « elles reposent sur une collaboration pluridisciplinaire entre rhumatologue, chirurgien, radiologue et rééducateur et sur la coopération du patient, déterminante pour la qualité du résultat fonctionnel ».

D’après un entretien avec le Dr Éric Noël, centre orthopédique SANTY, Lyon

 

Dr Sophie Parienté

Source : Bilan Spécialiste