Au cours de rapports anaux non protégés

Les lubrifiants pourraient majorer le risque d’IST

Publié le 27/05/2010
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LE RISQUE de contracter le VIH au cours de rapports anaux semble être majoré lorsque certains lubrifiants sont utilisés. Le danger concerne essentiellement celui que les auteurs de l’étude appellent le « receveur ». Tel est le principal constat fournit par deux études présentées à la conférence internationale sur les microbicides à Pittsburg (États-Unis). La première s’intéressait à la transmission des infections, la seconde, plus biologique, portait sur l’agressivité des lubrifiants eux-mêmes.

Ces études sont motivées par la fréquence non négligeable des rapports sexuels anaux. Ils concernent 90 % des homo- ou bisexuels, ainsi que les femmes. Au Royaume-Uni, de 10 à 35 % d’entre elles déclarent avoir pratiqué la sodomie au moins une fois et de 5 à 10 % assez régulièrement. Enfin, il semble que ce type de rapport fasse moins souvent l’objet d’une protection par préservatif.

11,7 % avaient une infection rectale.

La première étude, donc, a porté sur 879 hommes et femmes, enrôlés à Baltimore et Los Angeles. Pamina Gorbach et coll. ont analysé leurs comportements et réalisé des études bactériologiques au niveau rectal.

Dans cette population, 421 participants ont déclaré des rapports anaux « réceptifs » au cours du dernier mois (229 hommes) ou dans l’année écoulée (192 femmes). Des informations sur l’utilisation de lubrifiants ont été obtenues dans 302 cas, 52,7 % d’entre eux en avaient utilisé. Chez ces 302 personnes, 25 (8,3 %) avaient une IST, mais l’incidence était plus élevée chez les utilisateurs récents de lubrifiant. Ainsi sur 145 utilisateurs 11,7 % avaient une infection rectale, contre 5,1 % des 156 non utilisateurs. L’équipe pense que de nouvelles recherches seront nécessaires pour comprendre exactement comment un lubrifiant peut majorer le risque de transmission d’une infection.

Un élément de réponse est fourni par le travail mené en laboratoire. Charlene Dezzutti (Pittsburg) et coll. se sont intéressés à 5 lubrifiants très couramment utilisés aux États-Unis, essentiellement en préparation aqueuse (Astroglide, Elbow Grease, ID Glide, KY jelly et Wet Platinium à la silicone). Un 6e, PRÉ, servait de témoin, car d’osmolarité neutre. Ils ont constaté qu’ils contiennent une forte concentration de sucres et de sels dissous, ils apparaissent hyperosmolaires par rapport aux cellules rectales. Cette activité toxique peut provoquer, pour certains, une desquamation de la muqueuse la rendant plus vulnérable à une infection, notamment par le VIH.

Les auteurs demeurent prudents, des conclusions définitives ne peuvent être tirées de cette étude de laboratoire. Les résultats permettent simplement de se demander si les lubrifiants produisent tous le même effet et, ce, chez tous les utilisateurs.

 Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8777