« Les examens pratiqués sur les corps de tous les terroristes impliqués dans les attentats du 13 novembre n’ont révélé aucune consommation de produits toxiques », déclare au « Quotidien » le vice-procureur de la République à la section antiterroriste du parquet de Paris, Agnès Thibault-Lecuivre.
Confirmant une information publiée par « le Parisien », la magistrate est formelle : « Ni amphétamines, ni aucun produit psychotrope, ni alcool n’ont été trouvés. Seuls des résidus de résidus de cocaïne et de cannabis ont été décelés, à des doses tellement faibles qu’elles correspondent à des prises antérieures aux jours des décès. »
C’est le laboratoire privé Doxiam qui a effectué les analyses à partir des prélèvements effectués à l’IML (Institut médico-légal), sur réquisition du parquet. Les examens ont été pratiqués sur des fragments de muscles et d’os, ainsi que sur des cheveux, les corps se trouvant dans un état multi-fragmenté qui ne permettait pas de procéder selon les protocoles usuels en médecine légale, à partir des fluides biologiques (sang, urine, ou bile), doublés par des empreintes génétiques pour vérifier la provenance des fragments analysés. De telles investigations restent possibles et validés, comme dans le cas d’Andreas Lubitz, le pilote de Germanwings, indique au site Slate.fr le Pr Patrick Mangin (Centre de médecine légale de Lausanne).
La communication de ces résultats sur le site du « Quotidien » est un événement, alors que l’ensemble des médias s’était fait l’écho des nombreux indices qui concourraient à accréditer la prise de substances de nature à avoir stimulé ou excité les assassins. Le Captagon, en particulier, avait été désigné comme arme ultime de conditionnement et de destruction employée par les kamikazes de Daesh pour perpétrer leurs atrocités.
Dans l’attente des résultats des analyses toxicologiques, « le Quotidien » avait rappelé, dans son édition du 23 novembre, que l’autopsie de l’auteur de l’attentat perpétré en Tunisie le 26 juin avait bien mis en évidence des traces de fénétylline, autrement dit de Captagon.
« Le Point » avait en outre mis en ligne une vidéo tournée dans une chambre d’hôtel à Alfortville, louée par les terroristes, titrant sur la présence de seringues, alors que le Captagon peut être injecté en forme intraveineuse. « Mais non, c’est complètement faux, proteste le vice-procureur, il ne s’agissait pas de seringues, c’était des écouvillons et du matériel de prélèvement laissés après usage par les techniciens de la police scientifique. »
De fait, l’examen attentif des images le confirme.
Un emballement médiatique s’est donc propagé en France et à l’étranger, qu’Agnès Thibault-Lecuivre n’hésite pas à qualifier de « phantasme journalistique ». Pourtant les arguments scientifiques ne faisaient pas défaut, ainsi que « le Quotidien » les avait évoqués, pour expliquer que les jihadistes étaient shootés : « Le Captagon est métabolisé dans l’organisme en amphétamine et en théophylline, rappelait le neurobiologiste Jean-Pol Tassin (INSERM) ; comme pour toute amphétamine, la vigilance est accrue et on a l’impression d’être le meilleur. Les performances physiques sont dopées, le rythme cardiaque s’accélère et les muscles et le cerveau fonctionnent à plein. »
« Aucune excuse sociale, sociologique et culturelle » ne devrait être cherchée pour expliquer les attentats de Paris, avait déclaré devant l’Assemblée nationale le Premier ministre Manuel Valls.
Les résultats qu’authentifie aujourd’hui le parquet récusent aussi toute donnée toxicologique qui, sans rien excuser, aurait pu fournir une clé de compréhension des circonstances de passage à l’acte des attentats de Paris et de Saint-Denis. De ce point de vue, souligne le vice-procureur, « les résultats négatifs ajoutent encore à l’horreur des actes commis, puisqu’ils l’ont été par des personnes qui n’étaient pas sous l’emprise de substances altérant la conscience de leurs actes ».
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