Le CNS alerte et fait des recommandations pour enrayer la hausse des IST chez les jeunes

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Publié le 08/02/2017
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Crédit photo : S. TOUBON

L'offre de soins et de dépistage des IST est peu adaptée et peu accessible aux jeunes de 15 à 29 ans, et l'enseignement de l'éducation à la sexualité est insuffisant, constate le Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS) dans un avis assorti de 36 propositions pour améliorer la situation.

L'avis s'inscrit dans un contexte d'augmentation de l'incidence des infections sexuellement transmissibles en France, et tout particulièrement chez les jeunes.

Permettre la confidentialité réelle en CeGIDD et en CPEF

L'avis suggère une amélioration de l'accès aux CeGIDD et aux centres de planification familiale. Une proposition importante concerne la levée de l'obligation d'accompagnement par un adulte d'un mineur se rendant dans ces dispositifs. Dans l'attente de cette levée d'interdiction, le CNS souhaite que soit proposé au mineur consultant seul un accompagnement par un adulte compétent localement disponible.

Les auteurs constatent le rôle important des médecins généralistes dans le domaine de la santé sexuelle des jeunes. Ces derniers ne bénéficient toutefois pas d'une coordination territoriale, et leur activité devrait être mieux valorisée, via l'intégration dans la ROSP par les agences régionales de santé et la caisse nationale de l'assurance maladie. Le CNS propose de financer une offre de TROD en médecine générale, et d'offrir aux mineurs un accès gratuit et confidentiel au dépistage et au traitement des IST en consultation de médecine générale.

Une épidémie VIH non contrôlée chez les HSH

L'avis souligne la relative stabilité en population générale des comportements sexuels des jeunes, notamment en ce qui concerne l'âge du premier rapport, mais des changements importants au sein des populations à risque (homme ayant des relations sexuelles avec des hommes, utilisateurs de produits stupéfiants psychoactifs, précaires). La vie sexuelle des jeunes est en outre marquée par le rôle croissant joué par le numérique dans leurs communications.

« L'épidémie VIH n'est pas contrôlée chez les jeunes HSH, constate les auteurs de l'avis, et les jeunes économiquement défavorisés ont moins souvent recours au dépistage et à la prise en charge des IST, ainsi qu'à certaines vaccinations. » Les ARS sont appelées à assurer un accès de proximité aux mineurs adultes, en particulier précaires. La généralisation du conventionnement entre les ARS et les directions régionales ou territoriales de la protection de la jeunesse est également avancée pour améliorer la prise en charge de la santé sexuelle des mineurs sous main de justice.

Des recommandations concernant la vaccination contre le virus de l'hépatite B et le HPV ont été incluses dans cet avis. Les auteurs de l'avis avaient d'ailleurs été auditionnés par le comité d'orientation de la future politique vaccinale dirigée par le Pr Alain Fischer. Sur ce sujet, le CNS recommande que l'offre vaccinale contre les IST soit renforcée, avec un rattrapage de la vaccination anti-VHB systématiquement proposé aux jeunes qui n'en ont pas bénéficié dans la petite enfance.

En attendant la stratégie nationale

Le nouvel avis du CNS participe à la réflexion en cours autour de la future stratégie nationale de santé sexuelle. La première recommandation demande d'ailleurs que l'on définisse la lutte contre les IST chez les hommes comme une priorité de santé publique, et en assurant un portage interministériel.

Chez les plus jeunes, l'avis plaide en faveur de la rénovation des comités d'éducation à la santé et à la citoyenneté, qualifiés de « dispositifs de gouvernance qui restent peu investis dans l'éducation à la sexualité ». Seulement 10 à 21 % des élèves du second degré reçoivent le nombre de séances d'éducation à la sexualité prévues par la loi. Le CNS réclame aussi la mise en place du parcours éducatif de santé et un accès garanti, simple et confidentiel aux préservatifs dans les collèges, dans la mesure où 18 % des élèves déclarent avoir des relations sexuelles.


Source : lequotidiendumedecin.fr