Perturbateurs endocriniens et glyphosate : la Commission européenne relance la machine à polémiques

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Publié le 17/05/2017

Un nouveau chapitre va s'écrire dans l'épineux dossier des perturbateurs endocriniens. La Commission européenne a relancé mardi la procédure visant à autoriser le glyphosate, substance herbicide très répandue dont la licence d'utilisation en Europe est contestée. Dans le même temps une nouvelle discussion de la commission permanente concernant le projet de classification des perturbateurs endocriniens proposée par la commission est à l'ordre du jour ce mercredi 17 mai avec un vote qui aura probablement lieu jeudi.

Mauvais timing

Pour les associations comme Générations futures, le timing est on ne peut plus mauvais. « Nous sommes entre deux gouvernements, aussi la France ne participera pas au débat aujourd'hui, et peut-être pas au vote de jeudi », explique au « Quotidien » François Veillerette, directeur de Générations futures. La position de la France avait été déterminante lors des deux précédents votes (en décembre et en février dernier).

Les textes successifs proposés par la commission avaient été refusés, compte tenu du caractère « irréaliste » des critères retenus : seuls les perturbateurs endocriniens connus et dont les effets délétères sur la santé ont été scientifiquement prouvés devaient subir une interdiction de commercialisation. La dérogation accordée aux produits pesticides et biocides employés dans l'agriculture est également très critiquée.

Concernant l'autorisation du glyphosate, les commissaires européens ont donné leur accord pour redémarrer les discussions avec les États membres sur un possible renouvellement de l'autorisation du glyphosate pour 10 ans. La licence devait normalement expirer à l'été 2016, mais la commission avait décidé une prolongation de 18 mois. Ce délai devait laisser le temps à l'agence européenne des produits chimiques (ECHA) de rendre un rapport concluant au caractère non cancérigène du glyphosate, en contradiction avec les conclusions du Centre international de recherche sur le cancer. En février dernier, les ONG européenne ont lancé une initiative citoyenne pour l'interdiction du glyphosate.

Les conclusions de l'ECHA

« La Commission a pris en compte les dernières études scientifiques, en particulier la conclusion du Comité d'évaluation des risques de l'ECHA confirmant que la substance active ne devrait pas être classée comme cancérogène », explique la commission dans un court communiqué.

Chaque État membre garde toutefois le droit d'autoriser ou non l'utilisation de pesticides à base de glyphosate sur leur territoire, rappelle-t-elle par ailleurs. La décision portant sur la licence du glyphosate se prend au sein d'un comité technique regroupant des représentants des États membres. Lors du dernier vote, fin juin 2016, deux pays, la France et Malte, avaient voté contre un renouvellement de l'autorisation, et sept s'étaient abstenus (Allemagne, Italie, Portugal, Autriche, Luxembourg, Grèce, Bulgarie), bloquant la décision.

Dans un courrier daté du 16 mai, Générations futures demande au nouveau premier ministre, Édouard Philippe, « que la France ne vote pas, comme ce fut le cas lors des dernières réunions, en faveur des critères proposés par la Commission européenne ».


Source : lequotidiendumedecin.fr