À la veille des Journées d’onco-urologie médicale (JOUM) qu'elle organise (24 et 25 juin), l’AFU (Association française d’urologie) a tenu à faire le point sur le dépistage du cancer de la prostate par le PSA. En effet, la campagne lancée au printemps dernier sous l’égide de la CNAM, de l’INCa et du Collège de la médecine générale (CMG) remettait en cause l’utilité du PSA et soulignait qu’un dépistage réalisé grâce au PSA entraînait des surtraitements. Comme il l'avait déjà déclaré au « Quotidien », le Pr Thierry Lebret (Hôpital Foch, secrétaire général de l’AFU), s'oppose, au nom de l'AFU, à cette campagne. « Le PSA est un excellent marqueur (sensible, économique, reproductible et non agressif), mais il faut savoir s’en servir, a rappelé le. Le PSA brut n’a pas grand intérêt : en revanche, l’étude de sa cinétique apporte des informations importantes. Par ailleurs, le PSA n’a de valeur qu’au regard du poids de la glande. »
L’apport de l’IRM
De plus, dès qu’un PSA est anormal, les urologues proposent une IRM de diffusion qui permet de voir la tumeur et de déterminer son agressivité. Le dépistage précoce avec ces différentes armes (PSA, examen clinique et IRM) est ainsi essentiel car le cancer de la prostate est silencieux tant qu’il est localisé. Lorsque les premiers symptômes se manifestent, il est souvent trop tard…
La remise en cause du dépistage par la CNAM, l’INCa et le CMG, se base également sur les résultats contradictoires de deux grandes études internationales posant la question de son effet sur la réduction de la mortalité. « L’étude américaine PLCO n’a pas montré de bénéfice en termes de survie, mais il y avait un biais dans la population sélectionnée car la majorité des patients avaient eu un dépistage préalable. Par ailleurs, comme l’a montré un article récent du "New England Journal of Medicine", 80 % des patients ont eu un PSA pendant l’essai », a expliqué le Pr Thierry Lebret. Inversement, l’étude européenne ERSPC a montré que le dépistage présentait un net bénéfice en termes de survie (risque de décès réduit de 37 % à 14 ans). Les pays qui n’utilisent pas le PSA ont un taux de cancer découvert à l’état métastatique 4 à 8 fois plus important que ceux qui comme le France y ont recours. Par ailleurs, le dépistage précoce ne conduit pas forcément à un traitement agressif (19 000 prostatectomies radicales ont été réalisées en 2015 versus 27 000 en 2005), mais souvent à une simple surveillance active tant que la tumeur demeure indolente.
En conclusion, l’AFU se prononce en faveur d’un « droit de savoir » pour les patients. L’AFU recommande un dépistage annuel par toucher rectal et dosage du PSA, à partir de 50 ans et jusqu’à l’âge de 75 ans. Le dépistage commence à partir de 45 ans chez les hommes à risque (antécédent familial et/ou origine afro-antillaise). Pas de PSA sans information. « Si avant 60 ans, le PSA est inférieur à 1, le risque de mourir d’un cancer de la prostate est nul », a souligné le Pr Thierry Lebret.
Cancer de la vessie : les espoirs de l’immunothérapie
L'immunothérapie dans le traitement du cancer de la vessie est, avec le dépistage du cancer de la prostate, l'autre grand thème de ces JOUM. Plusieurs études récentes ont mis en exergue l’intérêt d’anticorps monoclonaux antiPD1/PD-L1 (nivolumab, pembrolizumab et atezolizumab). L’étude Rosenberg (Lancet, 7 mai 2016) propose l’atézolizumab en seconde ligne à des patients résistants à la chimiothérapie.
« Elle montre un taux de réponse de 27 % chez les patients qui expriment le plus le PD1/PD-L1 et de 15 % chez ceux qui l’expriment moins », a expliqué le Dr Yann Neuzillet (Hôpital Foch). D’autres essais sont en cours pour les patients métastatiques en première ligne, mais aussi comme traitement adjuvant après cystectomie ou encore en néoadjuvant.
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