La metformine étant douée d’effets anti-inflammatoires et modulateurs de l’immunité, il est légitime de rechercher un meilleur pronostic chez les diabétiques hospitalisés pour Covid traités, comparativement à ceux qui ne le sont pas. Le diméthylbiguanide n’a-t-elle pas été d’abord diffusé à titre… anti-grippal ?
C’est dans cette visée que nous avons pris appui sur la cohorte nationale Coronado, qui a étudié le devenir des sujets diabétiques hospitalisés pour Covid (1). Près de 2 500 sujets (issus de 68 centres de diabétologie !) ont ainsi été étudiés, dont près des deux-tiers traités par metformine ; ces derniers avaient moins de comorbidités mais des signes de Covid plus francs. D’où la nécessité d’appliquer un score de propension pour bien comparer les deux groupes.
Le traitement par metformine s’est avéré associé à une mortalité hospitalière nettement moindre, d’environ un tiers, avec un différentiel par rapport aux sujets non traités par metformine apparaissant dès les premiers jours et persistant dans le mois suivant l’admission. Fait essentiel : ces observations ont été confirmées après application du score de propension.
Alors, la metformine pourrait-elle mener une deuxième carrière comme antimicrobien ? Avant cela, il faudrait apporter des réponses aux questions suivantes : quelle est la durée minimale du traitement pour un effet protecteur ? Le bénéfice lié au prétraitement par metformine ? Ou à son maintien à l’hôpital ? La posologie optimale ? La gestion du sujet fragile ? Et, surtout, quid de la population générale ?
Service d’Endocrinologie-Diabétologie-Nutrition, Hôpital Nord, Amiens
(1) J.-D. Lalau et les investigateurs de Coronado. Diabetes Metab, doi: 10.1016/j.diabet.2020.101216