Complémentairement au billet du Dr J.Hauchecorne (« L'essor des génériques et leurs effets pervers », le QdM n° 9800) et en respectant une pharmacologie rigoureuse, je ferais la proposition suivante. En l’absence de double-aveugles avec cross-over sur des panels statistiquement vraiment probants et sur des durées de prises suffisamment prolongées pour faire apparaître d’éventuelles différences, un générique n’est pharmacologiquement pas pour moi l’équivalent d’un princeps.
Je n’ai jamais compris, ou plutôt si, car il s’agit fort probablement d’une affaire de gros sous… que l’on ne marque pas les boîtes de génériques, en caractères gros et gras, d'une lettre A, B ou C. Ce serait pour moi un début d’honnêteté vis-à-vis du patient et… du prescripteur !
Le générique A est la copie exacte et rigoureuse du produit princeps, non seulement dans le respect strict du processus de synthèse de la molécule mais aussi dans les excipients à la virgule près. Le B serait celui dont les excipients sont différents. Et le C, celui qui ne respecte ni l’un ni l’autre.
Le temps passant pourrait montrer s’il existe des différences. Malheureusement, après presque 40 ans de pratique et à la lumière de ce qui s’est passé avec le Lévothyrox, je suis certain que le rationnel de ma proposition rencontrera inévitablement les cris d’orfraie des fabricants, l’irrationnel comportemental de certains patients, auquel s’ajouteront les délires des réseaux sociaux amplifiés par des médias en mal de scoop et d’audimat…
Bref, on va continuer à prescrire aveuglément cependant qu’on empile jour après jours des exigences terrifiantes pour faire émerger une nouvelle molécule… Comprenne qui pourra.
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