Le Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars) a publié un nouvel avis concernant la situation épidémique d’influenza aviaire H5N1 qui s’étend désormais à plusieurs espèces de mammifères. Les élevages bovins et caprins sont particulièrement concernés, notamment aux États-Unis où sont dénombrés, au 22 mai 2024, 52 foyers à travers 10 États avec trois cas de contamination humaine (Texas et Michigan).
Les informations concernant ces cas humains rapportent que les sujets travaillaient tous les trois dans des élevages contaminés et que leurs symptômes étaient plutôt oculaires (conjonctivite). De plus, les systèmes de surveillance américains ont relevé dans plusieurs États des fragments du virus H5N1 dans le lait commercialisé, comme le rapporte une lettre publiée dans le Lancet Regional Health le 23 mai 2024. Pour le Covars, « le virus est excrété dans le lait à des niveaux élevés, ce qui s’explique par un fort tropisme de ce virus pour les glandes mammaires des vaches laitières ». Cependant, il n’y aurait pas de risque direct, « le lait pasteurisé et les produits transformés à partir du lait cru ne semblent pas contenir de virus infectieux », a déclaré l’Agence américaine de santé animale (USDA).
Actuellement, le génogroupe retrouvé aux États-Unis n’est pas retrouvé en Europe, une situation qui pourrait changer à la suite des migrations d’oiseaux sauvages contaminés. Ainsi, « l’importance et la durée de cette épizootie exposent à la possibilité de survenue d’autres cas sporadiques », estime le Covars. Le comité émet donc des recommandations pour limiter le risque de transmission du virus influenza aviaire à l’être humain. Si les grippes zoonotiques arrivent en tête des risques de situations sanitaires exceptionnelles majeures susceptibles de survenir dans les deux à cinq prochaines années (avis du 3 avril 2024), le comité ne constate pas à ce jour d’augmentation du risque pandémique pour l’humain, s’appuyant particulièrement sur « l’absence de modifications significatives des virus montrant une adaptation à l’homme ». Une position semblable à celle des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) américains qui considèrent comme faibles les risques pour le grand public américain face aux infections humaines sporadiques « sans propagation continue ».
Sensibiliser les médecins au risque de grippe aviaire
Face à cette situation « inattendue », le Covars réitère donc ses recommandations de l’avis du 8 juin 2023 pour « pouvoir maîtriser un risque émergent » et en apporte ici une actualisation assortie d’autres préconisations. L’objectif vise à limiter la transmission à l’humain pour les professionnels exposés, leurs familles et la population générale.
Le Covars recommande ainsi de renforcer le niveau de surveillance et de séquençage des virus influenza en France métropolitaine et Drom et d’anticiper la mise en place d’une surveillance active des élevages bovins et caprins à proximité d’élevages d’oiseaux contaminés. Le comité appelle notamment à la vigilance concernant la consommation de produits laitiers, en particulier les fromages crus, et la manipulation d’animaux potentiellement contaminés.
Les auteurs appellent à sensibiliser les médecins au risque de grippe aviaire devant « une personne symptomatique, pauci ou asymptomatique ayant été en contact avec des animaux potentiellement infectés », ainsi que le grand public résidant dans les zones à risque. Pour rappel, le taux de létalité du H5N1 est de 50 % chez l’humain. Le comité demande à renforcer la stratégie de vaccination contre la grippe saisonnière pour les professionnels exposés et à mettre en place un stock d’antiviraux diversifiés (inhibiteurs de la neuraminidase et inhibiteurs de polymérase [baloxavir-marboxyl]).
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