L’ototoxicité du cisplatine est connue mais pas pleinement caractérisée. Quels sont les facteurs associés à la progression temporelle de la surdité ? C’est la question à laquelle des chercheurs américains ont tenté de répondre en suivant l’évolution de la perte auditive de 100 survivants d’un cancer des testicules. Les auteurs démontrent que la molécule contribue à une surdité dose-dépendante, plus importante chez les patients âgés ou avec hypercholestérolémie.
Publiée dans le JAMA Oncology, l’étude dénombre 78 patients sur 100 pour lesquels l’audiométrie tonale (menée de 4 à 12 kHz) met en évidence une perte d’audition. Un autre élément important dans l’hypoacousie est la capacité à entendre des sons au sein d’un environnement bruyant, ce que mesure le test Words-in-Noise (WIN) ; les performances d’écoute se sont avérées plus faibles chez les patients traités que dans la population générale.
Une molécule qui reste dans la cochlée
L’hypoacousie liée à l’âge est influencée par plusieurs facteurs de risque : traumatismes sonores, tabagisme, hypertension, hypercholestérolémie, diabète, indice de masse corporelle, inactivité physique et antécédent familial de surdité. Ce processus « classique » du vieillissement est différent chez les patients ayant été traités par cisplatine : la molécule reste indéfiniment dans la cochlée. L’ototoxicité est alors soumise à plusieurs variables indépendantes qui s’additionnent aux facteurs de risque de base.
Pour les deux tests auditifs, un lien direct a été établi entre la progression de la surdité et l’hypercholestérolémie, ainsi qu’avec le vieillissement. De mauvaises performances sur le WIN ont été associées à l’hypercholestérolémie mais aussi à un niveau plus faible d’éducation et à la sévérité définie par l’audiométrie tonale.
A aussi été étudiée la dose cumulative du traitement : elle est significativement corrélée au degré de perte auditive mesurée par l’audiométrie, l’auto-perception et la progression dans le temps de l’hypoacousie. À partir d’une dose de 300 mg/m2 de cisplatine, pour un même âge, la surdité est plus marquée et la détérioration au cours du temps s’aggrave.
Une perte plus élevée chez les patients qui la devinent
Quelque 54 patients ont auto-identifié des signes d’hypoacousie. Chez 59 % d’entre eux, l’évaluation audiométrique a caractérisé la surdité comme profonde, sévère, modérément sévère ou modérée (médiane de 48 dB de diminution de l’ouïe) alors que ceux ne se plaignant pas de leur ouïe présentaient en majorité (69 %) une sévérité clinique normale, légère ou moyenne (médiane de 24 dB de perte). Quant au test WIN, 54 % des patients qui avaient identifié leur surdité ont eu des difficultés à entendre avec un fond sonore bruyant, difficultés qui justifieraient une intervention audiologique.
Il est important de tenir compte en consultation de cette auto-identification pour le repérage et la prise en charge. Les auteurs de l’étude rappellent que la perte auditive non traitée est associée à un engagement social réduit, une baisse de la qualité de vie et un fonctionnement physique amoindri. La surdité est aussi l’un des plus grands facteurs de risque modifiables pour la démence.
Le dépistage est particulièrement important après un cancer des testicules puisque les patients atteints sont jeunes avec une survie à 10 ans de 95 %. Le suivi doit comprendre un bilan lipidique et des évaluations auditives régulières, y compris avant la chimiothérapie.
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