Jusqu’à 0,93 % des enfants de 5 ans et demi sont aujourd’hui concernés par l’allergie à l’arachide. « Sa prévalence ne cesse d’augmenter », explique le Dr Stéphanie Lejeune, pneumo-allergologue pédiatrique (CHRU de Lille/Inserm U 1 019). Or cette allergie est sévère. C’est le premier pourvoyeur d’anaphylaxie et 23 % des cas d’anaphylaxie sont dus à l’arachide (registre européen des anaphylaxies entre 2007-2018). La dose réactogène est faible (moins d’une cuillère à café de beurre de cacahuète dans 66 % des cas) et, sur 18 décès répertoriés par le réseau d’allergo-vigilance entre 2002-2018, 7 étaient dus à l’arachide.
Face à ce constat, le groupe de travail Allergies alimentaires de la Société française d’allergologie a rédigé de nouvelles propositions dans un objectif de prévention primaire. Parues en mai 2022, ces recos rejoignent l’avis de Santé publique France de 2021, tout en les précisant. Elles préconisent l’introduction précoce des allergènes dès l’âge de 4 mois révolus en population générale. Pour tous les nouveau-nés (atopiques ou non), la diversification alimentaire est désormais préconisée dès l’âge de 4 mois de vie. Si l’enfant ne présente pas de dermatite atopique ou une forme légère, l’arachide, l’œuf et les fruits à coque peuvent être introduits à la maison. « En cas d’inquiétude familiale, indique le Dr Lejeune, on pourra proposer de surveiller l’enfant 30 minutes après la première prise en salle d’attente du cabinet. » S’il souffre en revanche d’une dermatite atopique sévère, un bilan allergologique pour l’arachide, les fruits à coque, l’œuf, les protéines du lait de vache doit être réalisé, avec éventuellement un test de provocation par voie orale selon avis allergologique. Concernant l’arachide à proprement parler, le groupe de travail propose de l’introduire dans une compote sous la forme soit d’un mélange arachide/noisette/cajou (1 cuillère à café rase 5 fois par semaine ; 2 g de protéines/aliment/semaine), soit d’une pâte 100 % arachide (1 petite cuillère à café 4 fois par semaine ; 2 g de protéine d’arachide/semaine).
Bientôt un médicament dédié
En parallèle, de nouvelles modalités thérapeutiques font aussi leur entrée, dont l’immunothérapie orale standardisée avec l’arrivée d’un médicament constitué d’Arachis hypogaea (Palforzia). Ce dernier a obtenu une AMM européenne fin 2021 et un avis favorable de la HAS début 2022, pour un usage français qui sera limitée aux 4-17 ans (remboursée à 65 %). « Le protocole d’induction de tolérance comprend des changements de paliers de doses tous les 15 jours, encadrés en milieu hospitalier, et une prise quotidienne au domicile, précise Stéphanie Lejeune. L’intérêt de cette molécule est d’imposer un protocole standard, là où les centres ont l’habitude de suivre leur propre protocole avec des produits “maison”. Utiliser ce médicament sera donc un gage de sécurité. Le médicament va aussi contrer l’idée selon laquelle l’allergie à l’arachide n’est pas grave puisqu’on la traite avec un bonbon ou un biscuit », explique le Dr Stéphanie Lejeune.
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