Pour la deuxième fois dans le monde, un patient séropositif pour le VIH connaît une rémission durable après avoir reçu une greffe de moelle osseuse permettant le remplacement de sa lignée blanche par des lymphocytes résistants au VIH.
Cette découverte, publiée dans Nature, et présentée à la conférence annuelle sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI) – qui se tient en ce moment à Seattle (Washington) –, intervient dix ans après la confirmation du premier cas de rémission chez un patient séropositif, surnommé « le patient de Berlin ». Ce deuxième cas, baptisé « le patient de Londres » par analogie, ne présente lui aussi aucun signe de persistance du VIH, 18 mois après avoir été traité. L’équipe de chercheurs le considère comme probablement guéri. Ce patient britannique anonyme avait été diagnostiqué séropositif en 2003 et suivait une thérapie antirétrovirale depuis 2012.
Un donneur de moelle osseuse résistant au VIH
Ce patient a présenté, tout comme le patient allemand dix ans plus tôt, une hémopathie résistante aux chimiothérapies pour laquelle une transplantation de moelle osseuse était nécessaire. Les chercheurs, dirigés par Ravindra Gupta (infectiologue de l’université de Cambridge, Grande-Bretagne), ont donc sélectionné un donneur de moelle osseuse porteur de la mutation du gène CCR5 qui protège les lymphocytes CD4 contre l’infection VIH. Après l’intervention, la lignée blanche du patient a cessé d’exprimer le récepteur CCR5 et en laboratoire, les chercheurs n’ont pas réussi à réinfecter les cellules par le VIH d’origine du patient.
Du point de vue physiopathologique, le VIH se lie au récepteur CCR5-d32 exprimé à la surface des CD4 et les infecte. Une délétion du gène CCR5 bloque le fonctionnement normal du récepteur et le rend résistant à l’intrusion virale.
Toujours guéri 18 mois après la transplantation
Biologiquement, 16 mois après la transplantation, le patient ne présentait aucun signe d’infection et il a stoppé son traitement antirétroviral. À 18 mois, les examens ne révélaient toujours pas d’atteinte cellulaire. Contrairement au « patient de Berlin », ce sujet patient britannique n’a pas eu à subir de mise en aplasie médullaire avant transplantation, la procédure chez lui a été « allégée ».
Après 10 ans d'incapacité à reproduire le succès du premier cas, les chercheurs s’interrogeaient sur le « coup de chance » de la première équipe. La Société internationale de lutte contre le sida a salué « un moment clé dans la recherche pour un remède au VIH ». « Cela nous donne beaucoup d'espoir qu'à l'avenir on pourrait peut-être mettre fin au sida grâce à la science, par un vaccin ou un remède », a commenté de son côté Michel Sidibé, président de l'agence des Nations Unis Onusida.
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