La découverte d’une endométriose est souvent réalisée sur la base de signes évocateurs gynécologiques. Cependant, le tissu endométriosique pouvant s’étendre au niveau vésical et urétéral, le diagnostic doit être évoqué devant certains troubles urinaires complexes. Selon les études, 0,3 à 12 % des endométrioses ont une localisation urologique, la fréquence étant accrue (7 à 53 %) en cas d’atteinte profonde.
Les endométrioses avec localisation urologique sont très rarement isolées. Les lésions vésicales (85 % des cas d’atteintes urologiques) concernent le détrusor mais aussi la séreuse et le péritoine. Les lésions urétérales sont présentes dans 10 % des cas. Le rein est touché dans 5 % des cas. « Le cortège de symptômes est très varié, précise le Pr Jean-Nicolas Cornu, coordonnateur du Comité d’urologie et de pelvipérinéologie de la femme à l’AFU, avec une absence de corrélation entre symptômes et localisation. La symptomatologie peut être déroutante tant elle est riche ». Tous les symptômes du bas appareil urinaire peuvent être vus mais les plus courants sont des troubles de remplissage vésical, avec des urgenturies, une pollakiurie diurne et nocturne, des dysuries qui miment une cystite, des sensations de vidange capricieuse ou incomplète, un syndrome douloureux vésical, plus rarement une hématurie, ainsi que des douleurs lombaires en cas d’atteinte du haut appareil urinaire. Devant un tel tableau, « le bon réflexe est de demander une IRM pelvienne et d’orienter vers un gynécologue pour un bilan approfondi ».
Le type d’atteinte de l’arbre urinaire peut être une infiltration des tissus vésicaux, urétéraux et des nerfs, une inflammation de continuité, une atteinte par messages nerveux projetés depuis un autre organe touché ou même des dégâts collatéraux de la chirurgie. « L’urologue doit voir la patiente avant une chirurgie de l’endométriose profonde, insiste Xavier Gamé, chirurgien urologue (Toulouse). Si des nodules sont localisés sur l’appareil urinaire, il est fondamental qu’il soit partie prenante dans la discussion, dans le soulagement de la douleur spécifique à la sphère urologique, ainsi que dans la réalisation de la chirurgie, à "4 mains". Il intervient aussi dans la prise en charge des séquelles urologiques de la chirurgie de l’endométriose (dysurie, voire rétention chronique d’urine) ».
En cas d’endométriose vésicale, la cystectomie partielle est indiquée, avec une amélioration des symptômes dans 95 % des cas et 2 % de complications graves. La résection trans-urétrale de vessie n’est pas recommandée. En cas d’endométriose urétérale, le traitement conservateur est l’urétolyse, la résection urétérale étant le traitement radical. La néphrectomie s’impose en cas de fonction rénale très altérée à la scintigraphie.
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