En cette nouvelle édition de Mars bleu, le mois dédié au dépistage du cancer colorectal, l’Institut national du cancer (Inca) dévoile sa nouvelle campagne de sensibilisation sur le dépistage organisé du cancer colorectal. « C’est tous les 2 ans, dès 50 ans », rappellent les supports de communication diffusés sur les réseaux, affichages publics et écrans. L’occasion pour les différents acteurs de santé publique et de recherche dans le cancer de faire le point sur ce programme national de dépistage organisé dont les taux de participation peinent à décoller.
Ce mois de sensibilisation succède à la publication de l’arrêté donnant à la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) la charge de l’envoi des invitations aux assurés pour les programmes nationaux de dépistage organisé (PNDO) des cancers colorectaux, du col de l’utérus et du sein. La Cnam, en compagnie de l’Institut national du cancer (Inca), avait ainsi présenté en janvier dernier le nouveau système d’invitations et rappelé la nécessité d’améliorer les taux de participation, aujourd’hui insuffisants. Le dépistage du cancer colorectal n’échappe pas à la règle et affiche pour la campagne 2021-202, un taux de participation de 35 %, inférieur au taux minimum de 45 % recommandé par l’Union européenne.
Ce chiffre, annoncé par Santé publique France (SPF) dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de ce mardi 5 mars, a été estimé d’après les données remontées par les centres régionaux de coordination des dépistages des cancers (CRCDC). Le taux de participation pourrait s’élever, en réalité, à 37,5 % , rapporte le BEH en affinant l’estimation des taux d’exclusion au programme de dépistage. Un taux qui reste toujours trop bas.
Des taux de participation en réalité plus élevés
Selon les auteurs, « l’information recueillie sur les actes réalisés étant partielle » par les CRCDC, les taux d’exclusion seraient sous-évalués. Or, mieux les estimer « permet d’augmenter mécaniquement les taux de participation ». En effet, sont exclus du dépistage organisé, soit de façon définitive les patients aux antécédents personnels ou familiaux d’adénomes ou cancer colorectal (CCR), de maladie inflammatoire chronique des intestins, de polypose adénomateuse familiale ou CCR héréditaire non polyposique, car suivis déjà spécifiquement, soit de façon temporaire (5 ans) les patients ayant effectué une coloscopie totale.
Afin de préciser les estimations, les auteurs se sont servis des données du système national des données de santé (SNDS), recensant plus précisément les assurés concernés par l’exclusion du programme. « Le fait que les invitations soient reprises par l’Assurance-maladie va, de fait, permettre d’augmenter mécaniquement et d’homogénéiser les taux de participation », soulignent les auteurs.
Ainsi pour l’année 2018, sur la population cible des 50-74 ans de 19 millions de personnes, le SNDS recensait 19,2 % de personnes à exclure contre 13,5 % pour les CRCDC, et estimait donc le taux de participation à 39,8 % contre 37,1 %. Des taux qui varient évidemment en fonction des départements, avec, pour le taux d’exclusion, une médiane à 18,5 % [10,8-24,7] pour le SNDS et à 13,5 % [4,3-23,6] pour le CRCDC ; et pour le taux de participation, des ratios CRCDC/SNDS variant entre 0,82 et 1,05 (supérieur à 1,00 pour 11 départements). Enfin, une vue d’ensemble du taux national de participation au PNDO du CCR montre une évolution en dents de scie entre 2016 et 2021, oscillant selon le CRCDC entre 39,8 % au maximum en 2017 et 23,9 % au minimum en 2019 (42,8 % et 25,7 % d’après le SNDS).
Améliorer le dépistage et la prise en charge précoce
Devant ces chiffres, de nouvelles mesures sont mises en place afin de faciliter l’accès au test. Les nouvelles modalités pour recevoir son kit de dépistage par exemple ou encore la liste des patients n’ayant pas réalisé leur dépistage mise à disposition des médecins sur amelipro.
Les centres de recherche du cancer viennent également en renfort avec des campagnes de prévention durant Mars bleu, mais aussi des programmes de prévention et programme de soins afin d’œuvrer pour une prise en charge précoce des cancers colorectaux. « Ces initiatives illustrent la détermination de Gustave-Roussy à mieux comprendre, dépister et soigner les cancers digestifs, en augmentation chez les patients de moins de 50 ans, avec l’objectif d’enrayer cette dynamique, et guérir le cancer au XXIe siècle », annonce à ce titre le centre de lutte contre le cancer dans un communiqué du 4 mars 2024. Ainsi, à l’occasion de Mars bleu, il rappelle l’existence du programme Interception, « un parcours dédié aux patients porteurs d’un syndrome de Lynch, responsable d’environ 2 à 3 % des cas de cancers colorectaux » et du parcours Colodépist, destiné aux personnes ayant reçu un test positif ou ayant des antécédents familiaux et assurant une « prise charge rapide ». « Une première consultation est organisée dans un délai d’une semaine », afin de réaliser dans les 15 jours une coloscopie.
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