Un essai clinique pilote mené par l’Inserm et conduit par le Pr René Yiou dans le service d’urologie de l’hôpital universitaire Henri-Mondor à Créteil a cherché à réparer les lésions cellulaires péniennes causées par la prostatectomie radicale. 12 patients souffrant de troubles sévères de l’érection après un cancer ont reçu une greffe de cellules souches dans le pénis. Après six mois, des améliorations significatives de la qualité des rapports sexuels, de l’érection, de la rigidité du pénis et de la qualité de l’orgasme ont été rapportées. Ces résultats sont publiés dans la revue European Urology.
Cette approche thérapeutique ambitieuse a consisté à injecter dans le pénis des cellules souches prélevées dans la moelle osseuse des patients. On sait que la moelle osseuse contient plusieurs types de cellules souches totipotentes, en mesure de se transformer en cellules du même type que celles endommagées dans le pénis après prostatectomie radicale (essentiellement les cellules endothéliales, musculaires lisses, conjonctives).
Dans cette étude pilote, ont été inclus des patients présentant des troubles de l’érection sévères et jugés irréversibles après une prostatectomie radicale, c’est à dire que le traitement médical maximal (Injections de prostaglandine dans le pénis + sildenafil aux doses maximales et l’utilisation d’un vaccum) restait inefficace après une durée moyenne de deux ans. D’autre part, l’écho Doppler pénien montrait des altérations sévères des vaisseaux du pénis à l’origine des troubles de l’érection.
Six mois après la greffe cellulaire, les chercheurs ont noté une amélioration significative des principaux scores sexuels, notamment un gain moyen du score évaluant la fonction érectile de +10 points (17,4/30 à 6 mois versus 7,3/30 avant la greffe) sur une échelle allant de 0 à 30. Les autres scores significativement améliorés concernaient la satisfaction globale des rapports sexuels : 6,8/10 à 6 mois versus 3,9/10 avant la greffe ; la qualité de l’orgasme : 6,3/10 à 6 mois versus 3,5/10 avant la greffe ; la rigidité du pénis lors des rapports : 2,6/4 à 6 mois versus 1,3/4 avant la greffe.
Au moins deux patients ont décrit une réapparition d’érections normales comme avant la prostatectomie radicale sans prise de médicament. Une augmentation moyenne de 1 cm de la longueur du pénis a été constatée.
Les bénéfices cliniques ont été plus marqués pour les doses élevées et étaient associés à une normalisation des mesures vasculaires artérielles péniennes par écho Doppler. L’amélioration des scores sexuels s’est maintenue un an après la greffe même si certains patients continuaient à utiliser un traitement lors des rapports.
Selon le Pr René Yiou, les indications de cette thérapie cellulaire pourraient s’élargir aux autres troubles érectiles « si les résultats de cette étude sont confirmés par d’autres essais cliniques contrôlés ».
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