L’hypertension artérielle (HTA) qui touche 17 millions d’adultes demeure insuffisamment prise en charge en France, surtout comparée à d’autres pays européens ou d’Amérique du nord, indique un article publié dans le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de Santé publique France en amont de la journée mondiale de l’HTA (17 mai). Il apparaît que moins d’un patient hypertendu sur deux est traité pharmacologiquement. Et que parmi les patients traités, moins d’un sur 2 est contrôlé, « amenant la proportion d’hypertendus contrôlés à 1 sur 4 », précise le BEH.
Les auteurs de cet article qui dressent un état des lieux sur cette maladie, son dépistage et sa prise en charge, se sont appuyés sur différents travaux épidémiologiques issus de l’étude Esteban, d'une enquête menée auprès d’un panel de 1 300 médecins généralistes (2019), du Système national des données de santé, etc.
Pas d'améliioration des indicateurs, voire une dégradation
Ainsi, l’étude Esteban montre que près de 30 % des adultes sont hypertendus, c’est-à-dire près de 17 millions de personnes. « La connaissance, le traitement et le contrôle de l’HTA restent sous-optimaux en France et n’ont connu aucune amélioration récente, certains indicateurs ayant même subi une dégradation.
L’article s’attarde en particulier sur des données relatives à la prise en charge de la maladie. Parmi les soins prodigués pour leur HTA, 57 % des patients interrogés déclarent n’avoir reçu aucun conseil hygiénodiététique au cours de l’année précédente. Or, rappellent les auteurs de l’article : « les règles hygiénodiététiques constituent le traitement de première ligne pour les hypertensions de grade I », ces règles sont également importantes en cas de facteurs de risque cardiovasculaire associé (diabète, obésité, sédentarité…).
Pourtant l’article précise qu’un très nombre d’adultes ayant connaissance de leur maladie, consultent régulièrement : 93 % ont au moins eu une consultation chez le MG dans l’année, et 11,4 % chez le cardiologue. En moyenne les patients hypertendus consultent 10 fois/an un généraliste (sans que l’on sache si le motif de consultation est lié à l’HTA).
60 % de patients sous monothérapie
Pour le BEH, ce niveau de contrôle bas est « lié à une inertie thérapeutique comme en témoigne la proportion importante de patients en monothérapie (60 %) ». En effet, les recommandations de la HAS précisent que si la monothérapie est recommandée en première intention, après un mois une évaluation de l’effet du traitement est nécessaire, avec le passage à une bithérapie en cas de non-contrôle de l’HTA. Par ailleurs, sur la molécule à privilégier, les guidelines semblent peu appliquées puisque parmi les adultes traités par monothérapie, près d’1 sur 5 est sous bêta-bloquant alors que les recommandations françaises de la Haute Autorité de santé (HAS) et de la Société française d’hypertension artérielle (SFHTA) insistent sur sa plus faible efficacité par rapport aux quatre autres classes d’antihypertenseurs (inhibiteurs de l’enzyme de conversion, antagonistes de l’angiotensine II, inhibiteurs calciques et diurétiques).
En conclusion, face à ce constat les auteurs de l’article demandent aux pouvoirs plublics d’agir : « des politiques de santé en faveur de la prévention primaire de l’HTA, de son dépistage, et de sa prise en charge doivent être mises en place rapidement pour permettre, comme dans d’autres pays, une évolution favorable des indicateurs épidémiologiques de la maladie chronique la plus fréquente et de ses complications cardiovasculaires ».
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