Chez les seniors, le syndrome de l’intestin irritable (SII) semble tout aussi prévalent que chez les plus jeunes. Cette pathologie fonctionnelle se définit par l’absence d’anomalie biologique ou organique établie par les examens de routine (imagerie, biologie) pour expliquer les symptômes. Elle est caractérisée par la douleur (spasmes, torsions, parfois brûlures) associée à des ballonnements et des troubles du transit. Si l’ensemble de ces symptômes n’engagent en rien le pronostic du patient, quel que soit l’âge, ils peuvent impacter fortement la qualité de vie - alimentation, sommeil, image de soi, vie en société, professionnelle et sexuelle.
Cependant, « le fait que la plainte émane d’une personne âgée impose plus fréquemment la réalisation d’examens complémentaires (bilan sanguin NFS/CRP/TSH et coloscopie), afin d’écarter la possibilité de colites microscopiques ou d’un cancer du côlon, avertit le Pr Frank Zerbib, chef du service d’hépato-gastro-entérologie au CHU de Bordeaux. En plus du critère d’un âge supérieur à 50 ans, la présence de signes cliniques d’alarme (rectorragies, anémie, symptômes nocturnes, amaigrissement, apparition/modification récente des symptômes) doit faire rechercher une pathologie organique ». La vigilance est de mise car reconnaître un SII chez une personne âgée peut être entravé par la présence de troubles systémiques tels que le diabète de type 2 ou une polymédication, pouvant altérer la perception de la douleur, son intensité comme sa localisation.
Des objectifs raisonnables de soulagement
Les objectifs thérapeutiques sont une diminution de la fréquence, de l’intensité des épisodes symptomatiques et une amélioration de la qualité de vie. Pour cela, les médicaments de première intention, à adapter au cas par cas selon les troubles prédominants, sont les antispasmodiques, les laxatifs et les antidiarrhéiques, voire en cas d’échec, les antidépresseurs.
L’hygiène de vie est essentielle. Il a été démontré que la pratique d’une activité physique peut entraîner une diminution de la sévérité de la maladie. Une raison supplémentaire de lutter contre la sédentarité chez les seniors. Enfin, les régimes alimentaires reposent sur des notions simples comme manger raisonnablement et régulièrement, réduire les aliments identifiés comme mal supportés et trop gras. Augmenter l’apport en fibres peut majorer les symptômes douloureux. On peut aussi envisager de limiter les FODMAPs (Fermentable Oligosaccharides Disaccharides, Monosaccharides and Polyols). Il y a aussi souvent une confusion entre intolérance au gluten et SII. Celle-ci vient du fait que des patients SII suivant un régime sans gluten voient leurs symptômes améliorés. En réalité, ils excluent par la même occasion les farines fermentescibles FODMAPs susceptibles d’entraîner une production de gaz responsables de douleurs intestinales, de flatulences ou de ballonnements. Enfin, la gestion du SII est aussi compliquée chez les seniors, du fait de problèmes gériatriques comme l’urgence rectale, l’incontinence fécale et les problèmes urinaires.
Un syndrome qui ne prend pas une ride
Entre 5 et 10 % de la population générale souffre du syndrome de l’intestin irritable. Sa prévalence est-elle différente chez les plus de 65 ans ? Une étude américaine estimait qu’elle n'est pas plus élevée que chez les jeunes adultes (J Am Geriatr Soc., 2000). Un autre travail suggère que le SII peut toucher entre 10 et 20 % des personnes âgées (Acta Med Indonesia, 2014). Les rares données font état d’une stabilité des symptômes dans le temps. Mis à part la constipation, susceptible d’être aggravée par la réduction des activités physiques et de la consommation hydrique, ainsi que la prise de médicaments (antidépresseurs, antalgiques). Selon cette seconde étude, le SII est l’un des troubles gastro-intestinaux fonctionnels les plus courants chez les seniors et une plus grande prudence s'impose avant de prendre des médicaments pour le traiter, en raison de la modification du profil risque-bénéfice chez les personnes âgées.
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