Une équipe italienne a constaté que les patients chez lesquels des micro et des nanoplastiques étaient retrouvés dans l’athérome carotidien présentaient un risque cardiovasculaire plus important. Ces résultats sont publiés dans The New England Journal of Medicine (NEJM).
Il est aujourd’hui connu que les plastiques participent à la pollution de l’environnement avec des effets toxiques, une fois désagrégés en micro et nanoplastiques (MNP). Ces plastiques peuvent aussi se retrouver dans les organismes vivants, et notamment chez les humains par ingestion, inhalation ou exposition par la peau, des MNP ayant été retrouvés dans les organes et dans le sang. Si, les conséquences cliniques de ces expositions restent encore à explorer, des modèles précliniques ont montré que les MNP pouvaient représenter un facteur de risque cardiovasculaire, par des mécanismes de stress oxydatif, inflammation et apoptose du tissu cardiaque.
Les auteurs ont ainsi étudié l’athérome carotidien de 257 patients, âgés entre 18 et 75 ans, suivis durant près de 34 mois afin de voir si la présence de MNP dans l’athérome pouvait être associée à un risque cardiovasculaire plus élevé par rapport à des patients dont l’athérome était sans MNP. À l’issue du suivi, un événement cardiovasculaire (infarctus du myocarde, AVC non létaux, décès toutes causes) a été enregistré chez 20 % (30 chez 150) des patients avec MNP (soit 6,1 événements pour 100 patients-années), versus 7,5 % (8 chez 107) des patients sans MNP (soit 2,2 événements pour 100 patients-années). Les patients avec MNP étaient à haut risque par rapport à ceux n’en ayant aucun, d’un facteur 4 avec ajustement sur les autres facteurs de risque cardiovasculaire (HR = 4,53), et de presque 3 sans ajustement (HR = 2,84).
58,4 % des patients avaient du polyéthylène dans l’athérome carotidien
Étaient inclus les patients avec une sténose carotidienne asymptomatique de haut grade (> 70 %), qui est une indication à intervenir par endartériectomie. Les échantillons de plaque prélevés ont été conservés « dans des contenants de verre plongés dans du nitrogène liquide », précisent les auteurs, ceci afin de « limiter la pollution plastique ». Le critère de jugement était la survenue d’un infarctus du myocarde (IDM), d’un AVC ou d’un décès toutes causes durant le suivi. Un critère secondaire était la présence de taux élevés d’IL-18, 1β, TNF⍺, IL-6, CD68 et CD3 et collagène dans les tissus.
Cette étude prospective multicentrique observationnelle s’est intéressée à 11 types de MNP recherchés par spectrométrie de masse, et dont la présence a été confirmée par microscopie électronique couplée à l’analyse isotopique. Les auteurs ont ainsi retrouvé chez 58,4 % des patients la présence de polyéthylène, avec un taux moyen de 21,7 ± 24,5 μg/mg de plaque, et chez 12,1 % du polychlorure de vinyle, avec un taux moyen de 5,2 ± 2,4 μg/mg de plaque. L’analyse au microscope a permis de noter la présence de particules étrangères à l’aspect déchiqueté parmi les macrophages de la plaque, dispersés parmi les débris externes. La majorité des plastiques étaient des nanoplastiques, en dessous de 200 nm, visibles dans le milieu extracellulaire.
Quel était le profil des patients avec MNP ? L’équipe précise qu’il s’agissait plutôt d’hommes, jeunes, moins sujets à l’hypertension, mais plus exposés au diabète et aux maladies cardiovasculaires et aux dyslipidémies, plutôt tabagiques et avec des niveaux de créatinine plus élevés. Aucune différence n’est ressortie sur l’incidence des MNP selon les régions géographiques ou centres de provenance. Les auteurs précisent « ne pas avoir exploré les caractéristiques socio-économiques de leur cohorte ».
Zoom sur les plastiques
Le polyéthylène, l’un des plastiques les plus utilisés dans l’industrie, est reconnu comme perturbateur endocrinien. Des études ont montré qu’il était présent dans 25 % des échantillons sanguins de patients volontaires sains avec une concentration maximale de 7,1 μg/ml. Le polychlorure de vinyle rentre dans la fabrication du PVC, il est reconnu comme cancérogène de classe I par le Centre international de recherche sur le cancer pour deux formes de cancers du foie. Ces deux plastiques, largement présents dans notre environnement (air, aliments, cosmétiques), sont les plus retrouvés dans le lait maternel, l’urine et le poumon.
Chez des poissons zèbres, le polyéthylène s’est révélé avoir des effets toxiques sur le système cardiovasculaire, avec effusions péricardiques, inhibition de l’angiogenèse et statut prothrombotique.
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