En 2009 déjà, la Cochrane publiait une revue de la littérature mettant en évidence l’efficacité du sulfate de magnésium (MgSO₄) pendant une grossesse à risque pour protéger les prématurés du risque d’infirmité motrice cérébrale (IMC). Une mise à jour, en mai 2024, confirme l’intérêt de cette molécule peu coûteuse, sachant que le MgSO₄ est recommandé par ailleurs dans l’éclampsie et la prééclampsie sévère.
Si ce traitement préventif a déjà les faveurs de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 2015, son implémentation en pratique clinique progresse lentement et se révèle difficile dans les régions du monde à revenu faible. À la lumière de ces résultats, la Pr Karen Luyt, néonatalogiste britannique, publie ce 24 septembre un éditorial plaidant en faveur de l’utilisation du MgSO₄ dans le monde entier.
En France, il est recommandé dans les cas d’éclampsie et de prééclampsie sévère ; et son intérêt neuroprotecteur est attesté dans la littérature francophone. « Lorsque la méta-analyse Cochrane a été publiée en 2009, j'ai compris que le sulfate de magnésium, administré aux mères en travail prématuré, pouvait changer la donne. Nous avons été les premiers à l'adopter à l'hôpital St Michael (Bristol) », raconte-t-elle. La néonatalogiste a ainsi lancé, il y a quelques années, le projet Precept financé « au nom de l’Evidence to Practice Challenge » par les autorités de santé britanniques. Les données rapportées ont abouti à un accès généralisé dans toutes les maternités du service public britannique. Ainsi, entre 2018 et 2023, le sulfate de magnésium a été administré à 14 270 femmes éligibles dans tout le pays, ce qui a entraîné une diminution estimée de 385 cas d'IMC.
Risque d’IMC réduit de 30 %
La revue Cochrane actualisée a inclus les données de 5 917 femmes et 6 759 prématurés (moins de 34 semaines d’aménorrhée) de sept essais randomisés contrôlés. La dose de MgSO₄ coûte 5 livres, soit environ 6 euros, et s’administre en perfusion unique aux femmes présentant un risque d’accouchement prématuré. Testé avant 34 semaines d’aménorrhée, le sulfate de magnésium est efficace pour prévenir le risque d’IMC chez le prématuré avec une efficacité estimée à environ 30 % dans la méta-analyse de 2024.
Jusqu’à 2 ans d’âge corrigé, le MgSO₄ comparé au placebo a réduit la paralysie cérébrale comparée au placebo (RR de 0,71), et sur l’hémorragie intraventriculaire sévère (RR de 0,76). Chez la mère, le sulfate de magnésium entraîne peu ou pas de différence dans les complications graves (décès, arrêt cardiaque, arrêt respiratoire). Ces résultats qui s’accordent avec ceux de la toute première revue Cochrane « soutiennent la recommandation de l'OMS concernant le sulfate de magnésium pour les femmes présentant un risque d'accouchement prématuré imminent dans le monde entier ». La revue de 2009 avait inclus 6 145 prématurés de cinq essais et retrouvait une réduction du risque d’IMC de 32 % avec le MgSO₄ comparé au placebo.
Cependant, la Dr Emily Shepherd, première autrice de la revue de 2024, rappelle que « les essais inclus proviennent tous de pays à revenu élevé, où les hôpitaux sont comparativement bien équipés pour administrer des perfusions de sulfate de magnésium et répondre aux exigences de surveillance maternelle et fœtale. Il serait utile que de futures études établissent la dose minimale efficace et des schémas alternatifs ou plus simples, en particulier l'administration intramusculaire, pour faciliter une mise en œuvre généralisée, y compris dans les pays à revenu faible ou intermédiaire ». D’autres points restent également à explorer pour l’équipe, comme le meilleur moment pour administrer le MgSO₄.
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie