Le molnupiravir (ou MK‑4482, aussi appelé Lagevrio), antiviral potentiellement actif contre le SARS-CoV-2 développé par Merck Sharp & Dohme (MSD) pour le traitement du Covid-19 chez l’adulte, est-il sur le point d’arriver en Europe ? C’est ce que laissent entrevoir de récentes annonces de l’Agence européenne du médicament (EMA).
L'EMA accélère son évaluation
Lors d’une conférence de presse organisée jeudi, le Dr Marco Cavalieri, Responsable anti-infectieux et vaccins à l’agence, a assuré que l’instance faisait « son possible pour accélérer son évaluation afin de se prononcer sur son autorisation aussi vite que possible ».
Tandis qu’une procédure d’examen continu de ce candidat médicament a été lancée il y a une dizaine de jours seulement, « l’évaluation d’une éventuelle demande [d’autorisation] devrait prendre moins de temps qu’habituellement », prévoit-il, ajoutant que des nouveaux médicaments contre le Covid-19 pourront arriver « avant la fin de cette année ».
Un traitement précoce utilisable par voie orale
À l’origine de cette volonté d’accélérer l’évaluation : des résultats préliminaires d’études in vitro et d’essais cliniques encourageants. « Ces [travaux] suggèrent que le médicament pourrait réduire la capacité du SARS-CoV-2 […] à se multiplier dans l’organisme, et ainsi prévenir l’hospitalisation ou le décès des patients touchés par le Covid-19 », résume le Dr Cavalieri.
En effet, pour rappel, début octobre, MSD avait fait état de signaux suggérant que la molécule, administrée dans les 5 jours suivant le début des symptômes, permettrait de réduire de moitié le risque d’hospitalisation ou de décès des patients à risque de développer une forme grave. Une annonce qui avait suscité d’autant plus d’enthousiasme que le molnupiravir, actif par voie orale, apparaît plus facile d’utilisation que les quelques traitements précoces du Covid-19 (anticorps monoclonaux anti-SARS-CoV-2), administrables uniquement par perfusion.
Faire face à la nouvelle vague européenne
Mais surtout, l’EMA semble vouloir autoriser le plus vite possible ce candidat médicament afin de répondre à la reprise épidémique observée en Europe à l’heure actuelle.
Face à la situation épidémiologique du continent, le régulateur envisagerait même de proposer des directives aux pays souhaitant utiliser le molnupiravir sans attendre l’AMM. « Parce que nous entrons et sommes déjà dans la quatrième vague de cette pandémie, nous allons examiner si un avis scientifique de l’EMA pourrait soutenir l’autorisation d’utilisation d’urgence au niveau de chaque État membre », a indiqué Marco Cavalieri.
Première autorisation au Royaume-Uni
Car certains pays de l’Union Européenne (UE) semblent bel et bien se préparer à utiliser prochainement le molnupiravir, à l’instar de la France, qui aurait déjà commandé des doses.
« 50 000 doses de ce médicament vont être livrées à la France à compter des derniers jours de novembre ou des premiers jours de décembre, c'est-à-dire dès que les traitements sortiront des chaînes de production », a de fait déclaré Olivier Véran lors d'une audition au Sénat, le 26 octobre. Selon la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), ces doses du stock d'État devraient être rendues disponibles sur prescription dans les pharmacies à cette échéance.
Hors UE, le Royaume-Uni s’est même imposé hier comme le premier pays à autoriser officiellement le traitement par molnupiravir. Et ce, « dès que possible après un test positif, chez les personnes souffrant d’un Covid léger à modéré et présentant au moins un facteur de risque de développer une maladie grave », précise l’Agence France Presse (AFP).
D'autres traitements oraux arrivent
S’il semble au total que le molnupiravir sera bien le premier traitement précoce et spécifique du Covid-19 administrable par voie orale à arriver, d’autres pourraient le suivre, à l’instar du Paxlovid, antiviral anti-SARS-CoV-2 développé spécifiquement contre le Covid-19 par Pfizer.
En effet, dans un communiqué diffusé aujourd’hui, le laboratoire se félicite des résultats positifs de l’analyse intermédiaire d’un essai de phase 2/3 sur cette association d’un inhibiteur de protéase SARS-CoV-2-3CL et du ritonavir (aidant à « ralentir le métabolisme » de l’inhibiteur de protéase afin d’en allonger la demi-vie). Plus précisément, l’administration de ce candidat médicament dans les premiers jours d’une infection à SARS-CoV-2 de forme encore légère ou modérée aurait permis de réduire de 89 % le risque d’hospitalisation ou de décès chez des patients pourtant à risque de forme grave.
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