Nouveau progrès pour les antiviraux actifs par voie orale contre le SARS-CoV-2 en Europe. L’Agence européenne du médicament (EMA) vient de publier des directives d’utilisation anticipées du Paxlovid, candidat traitement précoce du Covid-19 de Pfizer associant nirmatrelvir (inhibiteur de protéase SARS-CoV-2-3CL) et ritonavir (pour augmenter la demi-vie du nirmatrelvir). Des guidelines qui autorisent les États membres de l’UE à recourir au produit avant toute AMM, un examen continu du candidat médicament venant tout juste d’être lancé le 13 décembre, précise l’EMA.
Près de 90 % d'efficacité
Pour rappel, l’EMA avait déjà publié il y a quelques semaines de telles recommandations pour l’antiviral par voie orale de Merck Sharp & Dohme : le molnupiravir. Cependant, après que le laboratoire a revu à la baisse l’efficacité du candidat médicament et que des pays comme la France se sont prononcés en défaveur d’une autorisation d’accès précoce, le régulateur européen avait indiqué qu’il se repencherait sur sa décision.
Concernant le Paxlovid, l’agence se fie aux résultats intermédiaires d’un essai clinique de Pfizer ayant montré qu’administré dans les 5 jours suivant le début des symptômes de Covid-19 à des patients à risque de forme sévère récemment infectés, le médicament permettrait de réduire le risque d’hospitalisation et de décès. En effet, au cours de ce travail, « environ 1 % des patients (6 sur 607) traités par Paxlovid […] ont été hospitalisés dans les 28 jours suivant le début du traitement, contre 6,7 % des patients (41 sur 612) ayant reçu le placebo », détaille l’EMA. À noter que depuis l’annonce de ces résultats préliminaires, le laboratoire a aussi fait état d’une efficacité de près de 90 % suite à son analyse finale de l’essai.
Quoi qu’il en soit, en pratique, l’EMA considère que le traitement peut être indiqué « aussi rapidement que possible après le diagnostic de Covid-19 et dans les 5 jours suivant le début des symptômes » à des patients adultes non supplémentés en oxygène mais à risque d’aggravation. Et ce, à raison de deux fois par jour – soit quatre comprimés par jour (2x2) au total, car le ritonavir et le nirmatrelvir sont contenus dans des comprimés différents à prendre simultanément – pendant 5 jours.
En termes d’effets indésirables, l’EMA note surtout des dysgueusies, des diarrhées et des vomissements. Des effets secondaires observés pendant l’essai clinique « jusqu’à 34 jours après la dernière dose de Paxlovid ».
Pas de Paxlovid chez les femmes enceintes
Mais surtout, l’agence signale que des études chez l’animal ont suggéré que « des hautes doses de Paxlovid pourraient impacter la croissance fœtale ». Aussi le médicament n’est-il pas recommandé chez les femmes enceintes et allaitantes (« l’allaitement devrait être interrompu pendant le traitement », précise l’EMA), voire chez les femmes sans contraception qui pourraient tomber enceintes. « Le Paxlovid ne doit également pas être utilisé en cas d'insuffisance hépatique ou rénale », ajoute le régulateur.
Enfin, l’agence souligne que le Paxlovid est susceptible de provoquer des interactions médicamenteuses. « Le Paxlovid ne soit pas être utilisé avec certains autres médicaments, soit parce qu'en raison de son action, il peut entraîner des augmentations nocives de leurs taux sanguins, soit parce qu'à l'inverse certaines molécules peuvent réduire l'activité du Paxlovid. »
L'EMA favorable au traitement précoce du Covid-19 par sotrovimab
Le Paxlovid n’est pas le seul traitement précoce et spécifique du Covid-19 auquel l’EMA donne son aval. Jeudi, le régulateur a également recommandé d’autoriser un nouvel anticorps monoclonal anti-SARS-CoV-2 : le sotrovimab (Xevudy), de GlaxoSmithKline et Vir Biotechnology, indiqué, comme l’antiviral chimique, chez les personnes récemment infectées, non supplémentées en oxygène mais à risque d’aggravation.
En effet, un essai clinique conduit auprès de plus de 1 000 patients à risque de forme sévère aurait montré la capacité du traitement à réduire très significativement – dans les mêmes proportions que le Paxlovid, soit plus de plus de 80 % – le risque d’hospitalisations et de décès. « D’après des études in vitro, il est aussi attendu que le Xevudy reste actif contre d’autres variants [que le virus historique et les mutants Alpha et Epsilon], Omicron y compris », ajoute l’EMA.
Repositionnement de l'anakinra pour les formes plus avancées de Covid-19
En matière de traitement des formes plus avancées et sévères de Covid-19, l’EMA recommande l’extension d’indications de l’anakinra (Kineret), immunomodulateur antagoniste des récepteurs de l’ IL1 déjà validé notamment dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde.
Chez les patients hospitalisés oxygénorequérants susceptibles de continuer de s’aggraver, l’anakinra, en complément des soins standards (incluant de l’oxygène à haut débit et de la dexaméthasone) permettrait de réduire les risques d’évolution vers une forme plus sévère encore.
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