Les pénuries de médicaments sont désormais récurrentes depuis deux ans, comme le pointait avec inquiétude à l’automne dernier le rapport de la mission d’information sénatoriale dédiée à ce sujet. En une décennie, le nombre de cas signalés s’est multiplié par dix : 530 en 2017, ce qui en fait une année record. Qu’elles soient liées à la mauvaise anticipation de la demande selon les pays, à des difficultés de production post accident industriel ou à des retraits de lots, on sait désormais au-delà de ces chiffres quel est l’impact de ces ruptures de stock ou d’approvisionnement dans la population générale.
Un Français sur quatre s’est déjà heurté au problème chez le pharmacien, au moment de retirer la prescription de ses médicaments. C’est ce qui ressort d’une enquête publiée la semaine dernière (955 répondants), menée par BVA pour France Assos Santé, fédérant 85 associations agréées d’usagers du système de santé et qui sonne l’alerte, actant du caractère massif du phénomène. Dans plus d’un cas sur trois, la pénurie concerne un vaccin. Hypertenseurs et traitements neurologiques arrivent en bonne place (18 %), devant les anticancéreux (6 %).
Fâcheuses répercussions
45 % des personnes interrogées disent avoir dû reporter, modifier leur traitement ou y surseoir. Avec des conséquences loin d’être neutres lorsque la spécialité initiale n’a pu être substituée : anxiété pour 21% des répondants, augmentation des symptômes pour 14 % (12 % pour les ALD), voire hospitalisation pour 5 % des malades en ALD. à qui la faute ? Aux fabricants, répondent plus d’un Français sur deux (56 %). Les répondants incriminent aussi les pouvoirs publics (13 %) et les grossistes répartiteurs (14 %).
Les industriels du médicament ne nient pas le problème. La semaine dernière, lors de ses vœux, le Leem annonçait travailler sur plusieurs mesures, dont certaines au niveau européen. Pour France Assos Santé, l’heure n’est plus à l’attente : les pouvoirs publics doivent s’emparer du problème et agir, y compris par des mesures coercitives. Le déclic viendra peut-être d’une plainte tout juste déposée auprès de la Cour européenne des droits de l’Homme en raison d’une pénurie de Sinemet
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