Alors que la campagne de rappel de vaccination anti-Covid-19 vient d’être lancée en France auprès des plus âgés et des plus vulnérables, les instances sanitaires européennes temporisent. D’après l’agence européenne du médicament (EMA) et le centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), il n’y a « pas d’urgence à administrer des doses supplémentaires aux sujets complètement vaccinés en population générale ».
Trop peu de données scientifiques disponibles
Pour les deux agences, les schémas vaccinaux initialement recommandés restent en effet suffisamment efficaces. « Les preuves de l'efficacité des vaccins et de la durée de la protection montrent que tous les vaccins autorisés [en Europe] sont actuellement hautement protecteurs contre les hospitalisations, les maladies graves et les décès liés au COVID-19 », affirme l’EMA.
Au contraire, les connaissances actuelles apparaîtraient encore trop parcellaires pour soutenir l'administration d'une dose supplémentaire. De fait, trop peu de données seraient encore disponibles pour confirmer le rapport bénéfice/risque d'un rappel. D’autre part, il ne serait pas encore possible de déterminer selon des bases scientifiques les modalités de l'administration de cette 3e dose (cibles, délai d’administration après la primo-vaccination, dosage, pertinence d’un schéma homologue ou a contrario hétérologue, etc.).
Un risque d’aggravation de la pénurie de vaccins dans le monde ?
Au-delà de ces arguments scientifiques, l’ECDC évoque aussi l’impact potentiel « sur la confiance et l’adoption des vaccins » que pourraient engendrer des mesures trop anticipées.
Mais surtout, les instances rappellent qu’« un tiers des adultes [européens] ne sont toujours pas complètement vaccinés », et que de nombreux pays du monde ne disposent toujours pas d’assez de vaccins pour leur population. « Une attention particulière doit être accordée à la pénurie mondiale actuelle de vaccins COVID-19, qui pourrait être encore aggravée par l'administration de doses de rappel […] à la population générale des pays [d’Europe] », avance l’ECDC.
À noter que ce dernier argument semble faire débat au sein même des autorités européennes. D’après l’AFP, le commissaire européen chargé de coordonner l’approvisionnement de l’UE en vaccins anti-Covid-19, Thierry Breton, aurait en effet récusé cette critique initialement émise par l’OMS. Selon lui, si une campagne de rappel européenne mobiliserait 300 à 350 millions de doses de vaccins supplémentaires, ce chiffre n’équivaudrait en fait qu’à un mois de la production de l’UE seule. « Je comprends le message, mais les chiffres ne le soutiennent pas dans la mesure où on va produire en Europe et aux États-Unis 500 à 600 millions de doses par mois », aurait-il renchéri.
Le rappel pour les personnes âgées : une « précaution » optionnelle
Quoi qu’il en soit, l’ECDC recommande en pratique de se concentrer sur l’augmentation de la couverture vaccinale de la population européenne selon les schémas validés. « Fournir à toutes les personnes éligibles le schéma posologique recommandé doit rester la priorité actuelle des programmes de vaccination COVID-19 », insiste-t-il.
Les agences distinguent tout de même deux publics à qui une troisième dose peut être administrée.
D’abord, les sujets immunodéprimés tels que les greffés, chez qui la réponse initiale à la vaccination apparaît mauvaise et à qui une troisième injection doit être proposée sans attendre. « Des études rapportent qu’une dose additionnelle de vaccin permet d’améliorer la réponse chez les individus immunodéprimés », plaide l’EMA. Il s’agit cependant moins, dans ce cas, d’un rappel que d'une primo-vaccination à 3 doses d'emblée. En France, les immunodéprimés peuvent recevoir cette injection supplémentaire depuis plusieurs mois.
D’autre part, les deux agences estiment que l’administration de rappels est « envisageable » chez les individus les plus âgés et vulnérables, en particulier « ceux qui vivent dans des milieux fermés tels que [...] des établissements de soins de longue durée ». Pour l’EMA, cette mesure ne peut toutefois être considérée que comme une « précaution ».
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