Lors de sa réunion mensuelle qui s’est récemment tenue à Londres, le Comité pour l’Évaluation des Risques en matière de Pharmacovigilance (PRAC) de l’Agence européenne des médicaments (EMA) a finalisé l’évaluation des données concernant les risques de réactivation de l’hépatite B et de carcinome hépatocellulaire suite aux traitements avec des antiviraux d’action directe (AAD) contre l’hépatite C.
Ces antiviraux d’action directe [daclatasvir (Daklinza®), dasabuvir (Exviera®), sofosbuvir/ledipasvir (Harvoni®), simeprevir (Olysio®), sofosbuvir (Sovaldi®), ombitasvir/paritaprevir/ritonavir (Viekirax®] sont indiqués dans le traitement des patients infectés par le virus de l’hépatite C.
Des cas de réactivations du VHB pouvant entraîner le décès ont en effet été rapportés pendant ou après le traitement par AAD des patients co-infectés à la fois par le virus de l’hépatite B et celui de l’hépatite C. Il s’agit d’un phénomène connu et déjà pris en compte dans les recommandations thérapeutiques mais qui pourrait être accru avec les AAD, du fait de leur action plus puissante sur le virus C et de l’absence d’impact sur le virus B contrairement à l’interféron utilisé antérieurement.
Au vu de ces observations, le PRAC recommande une mise à jour des Résumés de Caractéristiques du Produit pour ce type de médicament afin que les prescripteurs réalisent systématiquement un dépistage du VHB avant d’instaurer un traitement pour le VHC. De même, les patients co-infectés devront être surveillés.
En ce qui concerne les carcinomes hépatocellulaires, c’est une étude espagnole qui avait montré une augmentation de leur incidence chez les patients traités par antiviraux par rapport à ceux qui ne l’étaient pas. Le Comité s’est penché sur les données disponibles et en a conclu qu’à ce stade des études supplémentaires doivent être menées afin de pouvoir rendre un avis définitif. Il reste néanmoins important de continuer de surveiller régulièrement les patients cirrhotiques ou souffrants d’une fibrose avancée pour le risque de carcinome hépatocellulaire et ce même en cas de réponse virologique soutenue au traitement.
Autres effets secondaires possibles
L’ANSM pointe également la survenue ou l’aggravation de cas d’hypertension artérielle pulmonaire chez des patients par association d’antiviraux contenant du sofosbuvir. Même si aucun lien de causalité n’est établi pour l’instant, compte tenu de l’importance d’une prise en charge précoce de cette pathologie pour en améliorer le pronostic, l'ANSM rappelle l'importance de prendre en compte ce signal et de procéder à une notification d’effets indésirables le cas échéant.
Les antiviraux à base de sofosbuvir sont aussi soupçonnés d’engendrer des arythmies cardiaques (bradycardie et troubles de la conduction). La co-administration avec l’amiodarone est un facteur de risque identifié, mais des cas ont été rapportés même sans amiodarone associée.
Des cas d’insuffisance cardiaque ont aussi été notifiés mais à ce jour, le PRAC n’a pas conclu à un lien de causalité avéré avec le traitement antiviral sur ces aspects.
Enfin, le PRAC préconise également l’ajout d’une mention dans les Résumés des caractéristiques de tous les AAD à propos des personnes sous anti-vitamines K. Le but est de rappeler qu’il est majeur de surveiller l’INR de ces patients du fait que le traitement modifie les fonctions hépatiques. Plus généralement, une vigilance particulière devrait être mise en place pour tous les médicaments à marge thérapeutique étroite et dont les effets pourraient être altérés suites aux modifications des fonctions hépatiques.
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