Une mise en garde quant à un potentiel risque de syndrome de fuite capillaire – aussi appelé syndrome d’hyperperméabilité capillaire (SHC) - devrait être ajoutée à la notice du vaccin anti-Covid-19 de Moderna (Spikevax). C’est du moins ce qu’a recommandé l’Agence européenne du médicament (EMA) suite à la réunion de son comité d’évaluation des risques (PRAC) du 11 mars.
Passage en revue de 55 cas survenus après utilisation de vaccins à ARNm
Le SHC correspond à un passage massif de protéines plasmatiques et de fluide dans le secteur extravasculaire – à l’origine non seulement d’un œdème mais aussi d’une hypotension susceptible de se compliquer en choc.
Pour rappel, en juin dernier, l’EMA avait déjà identifié un signal de sécurité. Cependant, seul le vaccin d’AstraZeneca (Vaxzevria) semblait alors concerné. Depuis, quelques cas suspects de ce syndrome normalement très rare ont été déclarés suite à l’utilisation de vaccins à ARNm.
Ainsi le régulateur européen a-t-il décidé de passer en revue « toutes les données disponibles et cas de SHC reportés dans la base Eudravigilance ». Une démarche qui l’a amené à identifier et à évaluer 55 cas de SHC survenus suite à l’administration de Spikevax (11 cas) ou de Comirnaty (44 cas) – sur un total de près de 560 millions de doses de vaccin Moderna et de 2 milliards de doses de vaccin Pfizer injectées.
Une relation causale avec le vaccin Moderna ni prouvée… ni exclue
Résultat : « le (PRAC) a conclu qu'il n'y avait pas suffisamment de preuves pour établir une association causale entre les deux vaccins et l'apparition de nouveaux cas de SHC », rapporte l’EMA. Toutefois, l’implication du vaccin Moderna dans quelques cas de SHC ne peut être formellement exclue. « Certains cas de poussée de SHC suggèrent une association avec Spikevax », souligne l’agence. Le vaccin Comirnaty semble en revanche hors de tout soupçon.
D’où la volonté d'attirer l'attention des professionnels de santé sur ce risque potentiel. « Les individus (…) présentant des antécédents de SHC devraient (par ailleurs) consulter leur médecin traitant lors de la planification de leur vaccination ».
Le vaccin Janssen en cause dans des cas de vascularite des petits vaisseaux
En outre, le PRAC recommande de renseigner comme de possibles effets indésirables de fréquence inconnue du vaccin Janssen des cas de « vascularite des petits vaisseaux avec manifestations cutanées (éruptions cutanées, taches rouges sous la surface de la peau, ecchymoses) ».
En effet, l’agence a examiné une vingtaine de cas de vascularite signalés dans le monde suite à l’utilisation du vaccin Janssen. Pour une dizaine d'entre eux « aucune cause évidente autre (que la vaccination) n’a été identifiée » comme susceptible d'expliquer l’apparition des symptômes.
Quoi qu’il en soit, en France, le vaccin Janssen reste peu utilisé, et la HAS a récemment appelé à reporter les injections du fait de ses effets indésirables cardiovasculaires.
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