Les médecins libéraux devraient pouvoir initier des traitements de prophylaxie pré-exposition au VIH (PrEP) en début d’année prochaine. C’est du moins ce qu’a annoncé Olivier Véran à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le Sida. « Oui, les médecins libéraux pourront bientôt, c’est l’affaire de quelques semaines, prescrire en primo-prescription cette fameuse PrEP, qui permet à plusieurs milliers de Français de limiter les risques de contamination au VIH », a-t-il affirmé hier à l’Assemblée nationale.
Si la primo-prescription de la PrEP était jusqu’à présent réservée, comme l’indique la HAS, aux « médecins expérimentés dans la prise en charge de l’infection par le VIH, exerçant à l’hôpital ou dans un centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) », la question de son ouverture aux généralistes n’est en fait pas nouvelle. Un projet de décret autorisant l’initiation du traitement en ville avait ainsi déjà été déposé au Conseil d’État, rapporte Cédric Arvieux, infectiologue au CHU de Rennes. Il devrait entrer en vigueur, « dès le début d’année 2021 », selon un communiqué du gouvernement.
Objectif d’une telle mesure : favoriser l’accès à la PrEP, qui a fourni la preuve de son efficacité mais reste méconnue du public et de nombreux patients particulièrement exposés. D’après l’ANRS, une vingtaine de milliers de personnes avaient recours à ce traitement au premier semestre 2020 en France – un chiffre qui pourrait avoir fortement chuté pendant le confinement. « La PrEP, encore très largement réservée aux hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH) doit s’étendre encore en dehors de l’Île-de-France et à d’autres usagers : les jeunes, les hétérosexuels, les hommes et les femmes migrants », avance ainsi l’agence.
Les généralistes déjà sollicités pour le suivi
D’après le gouvernement, permettre à « tous les médecins, en ville comme à l’hôpital » d’initier une PrEP constitue notamment « l’assurance d’un maillage territorial efficace ». Et ce d’autant plus dans un contexte où les « consultations spécialisées sont saturées », suggérait Thibaut Jedrzejewski il y a quelques mois.
D’ores et déjà les généralistes sont autorisés à renouveler ce type de traitements et peuvent être amenés à suivre des patients bénéficiant de cette prophylaxie. Même si un service d’infectiologie hospitalier ou un CeGIDD doit être consulté annuellement, les deux premiers bilans (1 et 3 mois après le début du traitement) ainsi que le suivi trimestriel des patients – qui visent à s’assurer de l’absence d’infection par le VIH ou d’autres IST, de l’efficacité du médicament et de sa tolérance, etc. – peuvent en effet être réalisé en ville.
Des formations en cours d'élaboration
Quoi qu’il en soit, afin de préparer au mieux l’arrivée de la primo-prescription de la PrEP chez les généralistes, les acteurs de la lutte contre le VIH semblent s’organiser. Des modules de formation destinés aux médecins libéraux seraient ainsi en cours d’élaboration. Mandatée par la DGOS, la Société française de lutte contre le sida serait par exemple en passe d’achever la conception d’une « formation en ligne modulaire, moderne et gratuite », se félicite Cédric Arvieux.
Afin de soutenir le déploiement de la PrEP, des travaux de recherche sont par ailleurs en cours, à l’instar du projet marseillais OmaPrEP qui, d’après l’ANRS, vise à identifier, « parmi un échantillon national de personnes nouvellement séropositives, les occasions manquées de proposition de la PrEP dans le parcours antérieur au diagnostic ».
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