De nouveaux résultats mettent en exergue l’impact majeur de l’ozone troposphérique (O3) sur la mortalité prématurée due à la pollution atmosphérique en Europe dans une étude menée par l’Inserm, le Barcelona Institute for Global Health (ISGlobal), et le Barcelona Supercomputing Center – Centro Nacional de Supercomputación (BSC-CNS).
L’étude publiée dans Nature Medicine, menée sur des données de 2015 à 2017 provenant de 35 pays européens, a permis d’estimer que sur 114 447 décès liés à l’ozone troposphérique entre 2015 et 2017, 88,3 % seraient dus à l’ozone « importé » par opposition à celui d’origine nationale. Les scientifiques se sont penchés plus en détail sur ce qui compose ces 88,3 % de décès attribuables à l’O3 « importé ». Quelque 20,9 % proviennent des autres pays européens analysés, 60,2 % sont issus de pays hors Europe et 7,2 % émanent du transport maritime.
L’exposition à des niveaux élevés d’O3, ce gaz irritant qui pénètre facilement les voies respiratoires, est corrélée à l’aggravation de l’asthme, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), les infections ou encore la diminution de la fonction pulmonaire. Dans les cas les plus graves, ces maladies de l’appareil respiratoire aboutissent à une hospitalisation et au décès, lit-on dans le communiqué de l’Inserm. Son impact sur la santé dépend de sa concentration dans l’atmosphère et de la quantité inhalée. L’ozone troposphérique (O3) est l’une des causes principales de mortalité prématurée due à la pollution atmosphérique en Europe.
Une responsabilité accrue des pays les plus industrialisés
La plus forte mortalité concerne les pays avec une large population : Allemagne, Italie, France, Espagne et Pologne. Toutefois, la France n’est pas seulement victime de l’O3 « importé » : la pollution de l’hexagone impacte directement les pays limitrophes. Quelque 32,3 % des décès au Luxembourg et 29,3 % de ceux en Suisse sont imputables à la France. De manière générale, ce sont les pays européens les plus industrialisés qui émettent la majorité de ce gaz. En 2022, Airparif constatait un doublement des niveaux d’ozone en agglomération parisienne et une augmentation dans toute l’Europe, principalement en raison d’une hausse d’émissions de ses précurseurs. L’organisme alertait d’ailleurs sur le fait que, même si les émissions provenaient de Paris, les zones périurbaines et rurales étaient les plus touchées, en raison de la nature voyageuse de l’O3.
« Notre étude souligne la nécessité d’une quantification systématique des contributions nationales, européennes et extracommunautaires des niveaux de pollution de l’air et de leurs effets sanitaires associés » explique Hicham Achebak, chercheur à l’Inserm et l’ISGlobal dans le communiqué de presse de l’Inserm. La formation de l’O3 est particulièrement favorisée par les vagues de chaleur et les périodes de fort rayonnement solaire. « Lutter contre le réchauffement climatique est nécessaire pour améliorer durablement la qualité de l’air », lit-on dans le communiqué. À l’approche des élections européennes, cette étude rappelle que la santé est l’affaire de tous et que les pays doivent travailler ensemble à réduire leur impact climatique et leurs émissions de polluants atmosphériques, pour améliorer la santé à l’échelle globale.
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