D’où vient et de quand date le préjugé qu’il faut, durant la période caniculaire, s’abstenir de rapports sexuels ? On sait ce qu’il faut entendre par « période caniculaire » : la période caniculaire dure du 24 juillet au 26 août. Mais revenons au préjugé susdit.
Jusqu’au XVIIe siècle, s’il faut en croire Mme de Sévigné, « Les bons frères ordonnaient le lit à part dans la canicule » et les médecins eux-mêmes n’étaient pas moins sévères, si nous nous en rapportons aux vers bien connus de Molière dans « Amphitryon », dont la citation ne saurait être plus opportune :
Ils (les médecins) se mêlent de trop d’affaires
De prétendre tenir nos chastes feux gênés,
Et, sur les jours caniculaires,
Ils nous donnent encore, avec leurs lois sévères,
De cent sots contes par le nez…
Non, je soutiens que cela conclut mal,
Ces raisons sont d’extravagantes têtes :
Il n’est ni vin, ni temps, qui puisse être fatal
À remplir le devoir de l’amour conjugal
Et les médecins sont des bêtes.
Le jugement est peut-être un peu sévère, ce qui ne veut pas dire qu’il en soit plus juste ; mais Molière ne s’est jamais donné comme hygiéniste.
(La Chronique médicale, juillet 1906)
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