En l’absence de mesures de contrôle complémentaires à la vaccination, l’automne 2021 ne s’avérera sans doute pas exempt d’une nouvelle vague épidémique. Et ce malgré la bonne progression de la campagne vaccinale. Telle est la prévision renouvelée hier par les épidémiologistes de l’Institut Pasteur, qui viennent de publier une mise à jour de leur dernière modélisation.
Fin juin, cette équipe de l’Institut Pasteur avait prévu que sans mesure de contrôle (distanciation physique, gestes barrières, port du masque), la vaccination seule ne permettrait pas d’éviter dans les semaines qui viennent une recrudescence de l’épidémie « similaire au pic de l’automne 2020 » – c’est-à-dire d’environ 2 500 nouvelles hospitalisations par jour.
La situation a évolué cet été
Cependant, à l'époque, les auteurs avaient émis l’hypothèse que seuls un tiers des 12-17 ans et deux tiers des 18-59 ans auraient reçu deux doses de vaccin à la rentrée, que le taux reproduction du variant Delta (R0) ne dépasserait pas 4, et que la vaccination resterait globalement efficace à 80 % contre ce mutant.
Or, de nouvelles données à la fois sur la progression de la vaccination (plus rapide mais moins efficace que prévu) et sur le variant Delta (à la transmissibilité accrue) ont émergé au cours de l’été. Les épidémiologistes ont donc actualisé leur modélisation avec de nouveaux chiffres, plus proches de la réalité. « Nous faisons [désormais] l’hypothèse d’une couverture vaccinale de 70 % chez les 12-17 ans, 80 % chez les 18-59 ans et 90 % chez les plus de 60 ans (contre 30 %-70 %-90 % dans l’analyse de juin) », détaillent-ils. De plus, les épidémiologistes ont cette fois considéré que le R0 du variant Delta atteignait 5, et que la vaccination ne permettrait d’éviter que 60 % des infections.
Les vaccinés aussi concernés
Résultat : en l’absence de mesure de contrôle autre que la vaccination, le pic qui pourrait se dessiner cet automne pourrait atteindre 5 200 admissions à l’hôpital par jour et ainsi dépasser ceux observés précédemment.
De plus, cette nouvelle étude confirme la contribution « disproportionnée » des non-vaccinés, en particulier des plus âgés, à l’épidémie et surtout à la pression sur l’hôpital. « Dans notre scénario […], les personnes non-vaccinées de plus de 60 ans représentent 3 % de la population mais 43 % des hospitalisations » (contre déjà 35 % dans la version précédente de la modélisation), résument les auteurs.
Par ailleurs, le rôle des enfants – non éligibles à la vaccination pour les moins de 12 ans – dans la dynamique épidémique suscite encore des inquiétudes malgré la forte progression de la campagne chez les adolescents. « Nous nous attendons à ce qu’un tiers des infections aient lieu chez les enfants et adolescents (contre près de la moitié dans nos estimations de juin) », indiquent les épidémiologistes.
Faut-il pour autant n’imposer des mesures de contrôle supplémentaires qu’aux seuls non vaccinés ? Sans doute que non, estiment les auteurs, qui insistent sur l'importance pour les personnes vaccinées « de continuer à respecter les gestes barrière et de porter un masque ». Car selon cette nouvelle modélisation, la moitié des infections futures pourraient survenir chez des individus vaccinés. Et même, quelques vaccinés pourraient continuer de se voir hospitalisés, la modélisation indiquant par exemple que ceux de plus de 60 ans pourraient toujours contribuer à plus de 20 % des hospitalisations.
En cause : le variant Delta, associé à une diminution de l’efficacité des vaccins sur les formes symptomatiques simples, mais aussi un phénomène mathématique, logique – « plus la population est vaccinée, plus la proportion de vaccinés parmi les cas augmente », expliquent les auteurs.
L'hypothèse d'un nouveau confinement écartée pour le moment
Quoiqu'il en soit, « grâce à la vaccination, l’intensité des mesures nécessaires pour que les hospitalisations restent à des niveaux gérables devrait être moindre que ce qu’il fallait avant la campagne de vaccination », rassurent les épidémiologistes pour qui un nouveau confinement ne devrait pas s'imposer. En effet, alors que les précédents confinements ont réduit les taux de transmission du virus de près de 80 %, seule une diminution d’1/3 de ce taux semble désormais nécessaire. Ainsi « les gestes barrières, le port du masque, un certain degré de distanciation physique, le Tester-Tracer-Isoler et le passe sanitaire » pourraient s’avérer suffisants.
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