Pandémie

Des liens entre symptômes du Covid-19 et idées suicidaires

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Publié le 20/02/2023

Crédit photo : Voisin/phanie

Au début de la pandémie de Covid, en 2020, avoir été infecté par le virus SARS-CoV-2 ne semble pas avoir eu d’impact sur le risque ultérieur de pensées suicidaires, en revanche avoir déclaré des symptômes de Covid-19 a augmenté le risque de présenter des idées suicidaires, un an plus tard, conclut une étude parue le 14 février dans Plos Medicine, et relayée par l'Inserm qui a participé à cette étude.

En préambule de leur travail, les chercheurs indiquent que dès le début de la pandémie, des experts se sont inquiétés des liens entre une infection à SARS-CoV-2 et une altération de la santé mentale et psychologique. Sur ce sujet beaucoup d'interrogations persistent… Aussi une équipe du centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (CESP) a voulu mieux comprendre ces liens. Le travail conduit par l’équipe du CESP (Inserm/Université Paris-Saclay/UVSQ) avait deux objectifs : « explorer si la survenue de symptômes évocateurs du Covid-19 en 2020 était associée à un risque plus élevé de pensées suicidaires en 2021 ; et dans un second temps, analyser cette association en utilisant un marqueur d’infection (par la sérologie, ndrl) par le virus SARS-CoV-2. », précisent les auteurs de cet article.

Cette étude a été conduite à partir des données de la cohorte nationale en population générale EpiCov entre mai et novembre 2020. Un suivi moyen durant près de 14 mois a été effectué, comprenant un recueil des sérologies, témoins des infections. Enfin, en juillet 2021, ces personnes ont été interrogées au sujet d’éventuelles pensées suicidaires survenues depuis décembre 2020.

Un risque augmenté de 43 % d'idées suicidaires

En 2021, parmi les 52 050 personnes ayant participé à cette étude, 1,68 % ont déclaré des idées suicidaires. L'année précédente : 9,57 % avaient eu une infection par le SARS-CoV-2 confirmée par sérologie et 13,23 % ont signalé avoir souffert de symptômes de type Covid-19. Le résultat de ce travail montre qu'avoir présenté des symptômes évocateurs du Covid-19 en 2020 était associé à une augmentation du risque (RR = 1,43) de déclarer des pensées suicidaires en 2021. En revanche, l’étude n’a pas permis d’établir une association entre la sérologie positive pour le SARS-CoV-2 en 2020 et la survenue de pensées suicidaires en 2021.

Le stress des premiers mois de pandémie

Les auteurs de cet article précisent : « notre étude montre que durant la première année de la pandémie le fait d’avoir eu des symptômes évocateurs de Covid-19, maladie transmissible potentiellement mortelle, lors de cette période où nous n’avions encore que très peu d’informations sur son évolution ou ses séquelles, et pour laquelle il n’existait pas de traitement, représentait probablement un stress suffisant pour augmenter le risque de pensées suicidaires. Et c’est à ce mal-être qu’il faut être attentif afin de le prendre en charge, le surveiller et le comprendre pour y remédier, ou au moins éviter qu’il ne s’aggrave », expliquent les auteurs de l’étude qui ajoutent que les résultats pourraient s’avérer utiles dans la réponse à d’éventuelles futures pandémies…

 


Source : lequotidiendumedecin.fr