Après le PrEP pour le VIH, la prophylaxie post-exposition par doxycycline pour les IST ou encore la prévention des infections à gonocoques via la vaccination anti-méningo B ?
Selon l’essai ANRS Doxyvac, ces approches de prophylaxie biomédicale des IST pourraient avoir un véritable intérêt dans certaines populations.
Cette étude a été conduite chez des hommes ayant des rapports avec d'autres hommes (HSH), très exposés au risque d’IST et ayant présenté au moins une IST dans l’année précédant leur participation à l’étude. Plus de 500 volontaires vivant en région parisienne ont été répartis par tirage au sort en quatre groupes pour bénéficier soit : d'une prophylaxie post-exposition par doxycycline ; d’une vaccination par le vaccin Bexsero ; de la combinaison de ces deux interventions ; ou encore d'aucune de ces deux interventions.
Arrêt prématuré
Si les résultats n’ont pour le moment pas été rendus publics (les données devraient être présentées à la conférence de la CROI 2023), les premières analyses réalisées à la demande du comité indépendant de l’essai, « démontrent à la fois l’efficacité d’un vaccin contre le méningocoque B dans la réduction du risque d’infection par le gonocoque et celle de l’utilisation de la doxycycline comme traitement préventif contre les infections sexuellement transmissibles lorsqu’elle est prise dans les 72 heures suivant un rapport sexuel », résume l’ANRS dans un communiqué.
Ainsi, le groupe recevant la doxycycline « présentait une réduction importante du risque de syphilis et d’infections à chlamydia, indique le communiqué. L’incidence des infections à gonocoque était également réduite significativement ». Par ailleurs, « le groupe recevant le vaccin contre le méningocoque B présentait une réduction significative du risque d’infection par le gonocoque ».
Ces données ont conduit à l’arrêt prématuré de l’étude « afin de mettre la doxycycline et le vaccin contre le méningocoque B à disposition de tous les participants de l’essai ANRS Doxyvac ». Le suivi des participants se poursuivra jusqu’à fin 2023 pour s’assurer de l’efficacité sur le moyen terme de ces stratégies de prévention.
Mais d’ores et déjà, « le concept de prophylaxie biomédicale au moment de l’exposition au risque d’infections sexuellement transmissibles dans le cadre d’une offre élargie de prévention est donc validé », se félicite Pr Jean-Michel Molina (département de maladies infectieuses de l’hôpital Saint-Louis et Lariboisière, AP-HP et Université Paris Cité), investigateur coordonnateur de l’étude.
Cette approche avait déjà été évaluée pour la première fois dans l’essai ANRS Ipergay qui avait montré que la doxycycline, utilisée dans les 72 heures après les rapports sexuels, permettait une réduction d’environ 70 % du risque d’infection à chlamydia et de syphilis. De même, un certain nombre d’études épidémiologiques avaient déjà rapporté ces dernières années que les personnes vaccinées par le vaccin Bexsero contre le méningocoque B pouvaient avoir une réduction de leur risque d’infection à gonocoque d’environ 30 %.
Bientôt de nouvelles recommandations ?
Saluant « une avancée majeure dans la lutte contre les IST » le Pr Yazdan Yazdanpanah, directeur de l’ANRS - Maladies infectieuses émergentes estime que ces résultats « devraient faire évoluer les recommandations nationales et internationales en matière de prévention contre ces maladies ».
Cependant, l’efficacité observée « ne doit pas faire oublier que le préservatif reste la pierre angulaire de la prévention contre les IST en général, insiste le Pr Molina. C'est en additionnant tous les outils de prévention qui ont fait leur preuve que nous serons en mesure de contrôler efficacement les infections sexuellement transmissibles et d’atteindre l’objectif de l’OMS et de l’ONUSIDA pour 2030, qui est de réduire de 90 % l’incidence des IST », espère le spécialiste.
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