Décidément, la santé périnatale fait parler d’elle en ce début d’automne. En effet, environ deux semaines après que Santé publique France a publié un rapport présenté comme « le premier état des lieux français complet sur la santé périnatale », l’Inserm a partagé ce 6 octobre les résultats de l’Enquête nationale périnatale 2021 (ENP 2021).
« Les enquêtes nationales périnatales (ENP) sont réalisées à intervalles réguliers depuis (1995) sous la direction de l’Équipe de recherche en épidémiologie obstétricale périnatale et pédiatrique de l’Inserm (EPOPé) », rappelle l’Inserm dans un communiqué. L’objectif : surveiller l’évolution de la santé périnatale, de la prévention, de la prise en charge de la grossesse, de l’accouchement et du post-partum en France.
L’Inserm a mené une « enquête de terrain (…) ayant permis un recueil sur 13 631 naissances auprès de 13 404 femmes, dont 12 939 naissances et 12 723 femmes en métropole ». Principale nouveauté par rapport aux précédentes moutures : « l’enquête s’est enrichie pour la première fois d’un volet « suivi à deux mois », qui permet d’interroger les mères deux mois après la naissance, et de préciser leur état de santé et celui de leurs enfants », avance l’Inserm.
Santé mentale : seules 63 % de femmes se sentent "bien" pendant leur grossesse
L’investigation ayant été conduite en mars 2021, l’instance souligne aussi le contexte particulier de pandémie, qui « doit être pris en compte pour l’interprétation de certaines évolutions ». Même si le rapport révèle que seule une minorité de femmes enceintes (5,7 % des répondantes) ont été infectées par le SARS-CoV-2.
Premier résultat particulièrement saillant : « concernant la santé mentale des femmes, si elle est comparable, entre les deux éditions, au moment de la découverte de la grossesse (plus de 70 % se déclaraient heureuses d’être enceintes), elle semble s’être dégradée pendant la grossesse », résume l’Inserm. En effet, seules 63 % des femmes déclarent s’être senties « bien » pendant leur grossesse – contre près de 68 % en 2016 (date de la dernière édition de l'enquête). Et la part des femmes enceintes ayant consulté pour des difficultés psychologiques a augmenté de 2,5 points en 5 ans. En outre, le suivi à deux mois révèle que «16,7 % des femmes présentent des symptômes suggérant une dépression post-partum », indique l’Inserm.
Taux record de vaccination anti-grippale en 2021
A l'inverse, en matière de prévention pendant la grossesse, quelques progrès ont été marqués. En particulier, la consommation de substances psychoactives et du tabagisme par les femmes enceintes a reculé. Et surtout, la couverture vaccinale anti-grippale a bondi. « En 2021, le vaccin a été proposé à 58,9 % des femmes et 30,4 % des femmes ont été vaccinées, soit une très forte augmentation par rapport à 2016, où cette dernière proportion ne s’élevait qu’à 7,4 % », se félicite l’Inserm, qui rappelle toutefois le caractère inhabituel de la campagne 2020-2021. Par ailleurs, sans surprise, des efforts doivent encore être réalisés dans la prévention des anomalies de fermeture du tube neural par la prise d’acide folique (vitamine B9), « encore mise en place trop tardivement ». De même, seules 16 % des femmes auraient reçu des conseils sur la limitation de la transmissions du CMV.
L’enquête confirme aussi des tendances relativement attendues. A l'instar de l’augmentation de la part des femmes âgées de 35 à 39 ans (19,2 % contre 17,2 % en 2016) et de 40 ans et plus (5,4 % en 2021 contre 3,9 % en 2016) à l’accouchement. Dans le même esprit, les données montrent également une hausse de l'incidence du surpoids, de l'obésité et du diabète gestationnel (+ 6 % environ) chez les femmes enceintes.
Moindre médicalisation de l'accouchement
Concernant l’accouchement lui-même, le bilan apparaît mitigé. Si une « moindre médicalisation » est notée, avec notamment une réduction du recours à l'épisiotomie, le taux de césarienne reste stable depuis 2010. Par ailleurs, bien que le taux d’anesthésie locorégionale au cours du travail reste élevé, « en accord avec le souhait des femmes », avec plus de recours à l’auto-administration par pompe, la prise en charge de la douleur ne semble pas optimale : « les femmes ressentent fréquemment une douleur avec un niveau considéré comme insupportable au moment de la naissance de leur enfant, aussi bien par voie basse spontanée que par voie basse instrumentale (29,7 % d’entre elles en cas de voie basse spontanée et 37,8 % en cas de voie basse instrumentale). De même, en cas de césarienne, le niveau de douleur ressentie par les femmes est élevé avec 10,4 % d’entre elles ayant ressenti une douleur insupportable au début de la césarienne », détaille le rapport.
En outre, 10 % des femmes ayant été confrontées « à des paroles ou attitudes inappropriées de la part des soignants pendant leur grossesse, leur accouchement ou le séjour à la maternité » et 6,7 % à « des gestes inappropriés », l’Inserm estime que « des progrès doivent également être réalisés pour obtenir le consentement des femmes avant la réalisation des actes et interventions ».
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Concernant le post-partum, mêmes conclusions en demies teintes. Si toutes les femmes ont reçu des conseils sur le mode de couchage de leur enfant, « seulement la moitié (ont) reçu des conseils sur la manière de calmer les pleurs de leur enfant ». Et bien que le taux d’allaitement reste stable, à un peu plus de 56 % à la maternité, « il est intéressant de noter qu’avant l’accouchement, les femmes étaient pourtant 64,8 % à avoir choisi un allaitement exclusif ».
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