L’artémisinine, une piste de traitement pour le syndrome des ovaires polykystiques ?

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Publié le 14/06/2024
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Des antipaludiques, l’artémisinine et ses dérivés, pourraient être une option thérapeutique dans le syndrome des ovaires polykystiques en réduisant la production de testostérone. C’est ce que suggère une étude préclinique et clinique publiée dans « Science ».

Crédit photo : BURGER / PHANIE

L’artémisinine, cet antipaludique issu de l’armoise annuelle, semble une piste prometteuse pour le traitement du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). C’est ce que proposent des chercheurs chinois d’après leurs travaux sur les effets de l’artéméther, un dérivé de l’artémisinine, dans des modèles murins et de la dihydroartémisinine sur 19 femmes. L’étude publiée dans Science met en lumière le potentiel de ces composés antipaludiques pour traiter la source principale des symptômes et des comorbidités du SOPK : la production excessive d’androgènes par les ovaires.

Chez la souris, les chercheurs ont montré que l’administration du dérivé réduit de 2 ng/ml les niveaux de testostérone sérique, diminue le nombre de follicules kystiques ou antraux, témoignant d’une amélioration de la morphologie des ovaires. Les résultats suggèrent donc que l’artéméther améliorerait l’hyperandrogénie, la régularité de l’ovulation et la fertilité chez les modèles murins SOPK.

L’essai clinique mené sur 19 femmes traitées avec de la dihydroartémisine pendant trois mois tend à indiquer un effet positif sur le SOPK. La morphologie des ovaires polykystiques et la régularité de leurs menstruations ont été significativement améliorées. Le traitement a aussi réduit les niveaux de l’hormone antimüllérienne (AMH), usuellement trop élevés dans le SOPK.

Des mécanismes moléculaires caractérisés

Des analyses in vitro ont permis d’identifier les mécanismes de l’artémisinine : elle permet la dégradation de CYP11A1, une enzyme de clivage de la chaîne latérale du cholestérol, en se fixant sur le domaine protéolytique LONP1. La surexpression de LONP1 réprime la production ovarienne d’androgènes. Cette interaction, auparavant inconnue, ouvre des perspectives de traitement non seulement par l’artémisinine mais aussi en identifiant d’autres molécules qui ciblent l’interaction LONP1-CYP11A1.

Dans un article associé, la Dr Elisabet Stener-Victorin, pharmacologue au Karolinska Institutet commente : « Bien que des études supplémentaires soient nécessaires pour pleinement comprendre les effets à long terme et optimiser le dosage, la découverte de l’artémisinine et ses dérivés comme traitement efficace pour le SOPK représente une nouvelle approche prometteuse. » Un nouvel essai clinique a été lancé par les chercheurs pour confirmer ces résultats. Il se terminera courant 2025.


Source : lequotidiendumedecin.fr