Les AINS n'augmentent pas le risque de sévérité de Covid, d'après The Lancet Rheumatology

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Publié le 12/05/2021
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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Dès le début de la pandémie du Covid-19, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ont eu mauvaise réputation, avec la forte suspicion d'aggraver la sévérité de la maladie. Cependant cette position n'a jamais fait l'unanimité, et les résultats d'une étude publiée dans The Lancet Rheumatology remettront sans doute en cause la « dangerosité » attribuée à ces médicaments, concluant que « l'usage des AINS n'est pas associé à une augmentation de la mortalité, ni une augmentation de la gravité du Covid. »

Environ 30 % des décès chez les patients avec ou sans AINS

Ces résultats s'appuient sur l'analyse de données de la cohorte ISARIC-CCP-UK qui a inclus au total plus de 78 000 patients de tout âge hospitalisés pour une infection Covid confirmée ou fortement suspectée (entre janvier et août 2020) dans 255 centres de soins britanniques.

Dans cette cohorte multicentrique prospective, ont été inclus 4 211 patients qui prenaient des AINS depuis au moins deux semaines avant leur hospitalisation. L'autre bras comprenait les patients ne prenant pas d'AINS. Le critère de jugement principal était la mortalité à l'hôpital. Les critères secondaires étaient la sévérité de la maladie à l'admission, le transfert en soins critiques, la mise en place d'une oxygénothérapie, la mise en place ou non d'une ventilation artificielle, et l'atteinte rénale aiguë.

Les résultats montrent que 30,4 % des patients ayant pris des AINS avant d’être hospitalisés pour Covid-19 sont morts, contre 31,3 % des patients n’ayant pas pris ce type de médicament avant leur hospitalisation pour Covid. Par ailleurs, les admissions en soins critiques, l'usage d'une assistance respiratoire et les atteintes rénales aiguës n'étaient pas significativement différents entre les deux bras.

Questionnements et avis contraires

Depuis plus d'un an, ces médicaments font l'objet de questionnements vis-à-vis du Covid. En mars 2020, la Direction générale de la santé (DGS) stipulait « que des évènements indésirables graves liés à l'utilisation d'AINS ont été signalés chez des patients atteints de Covid-19, cas possibles ou confirmés ». Et que chez ces patients, ces médicaments devaient être proscrits. Cependant quelques jours après ce communiqué de la DGS, l'Agence européenne du médicament (EMA) émettait un avis beaucoup plus pondéré : « Il n'existe actuellement aucune preuve scientifique établissant un lien entre l'ibuprofène et l'aggravation du Covid-19 ». Depuis certaines études se sont montrées plutôt rassurantes vis-à-vis des AINS... Ce travail publié dans The Lancet Rheumatology pourrait-il avoir un effet déterminant pour la réhabilitation de ces médicaments ?


Source : lequotidiendumedecin.fr