Au 19 avril 2024, 1 679 cas de dengue importés ont été notifiés à Santé publique France (SPF), soit déjà dix fois plus que la même période en 2023, trois fois plus que ceux de toute l’année 2023, et cinq fois plus que la moyenne annuelle des cinq dernières années. « Une situation inédite », selon le Dr Grégory Emery, directeur général de la santé, et la Dr Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France.
Cette augmentation des cas importés est le « miroir de l’épidémie de dengue qui sévit dans les Amériques signalée par la Pan American Health Organization », explique le directeur général de la santé. De plus, le vecteur de la dengue, le moustique Aedes albopictus (ou moustique tigre), est désormais implanté dans 78 départements de France hexagonale, contre 58 en 2019, rendant la transmission possible hors des zones intertropicales et donc les foyers autochtones.
À l’approche de la période d’activité qui s’étendra du 1er mai au 30 novembre, ces chiffres incitent donc à une vigilance et une prévention accrues, notamment auprès des professionnels de santé et des voyageurs de retour des pays concernés. « Détecter au plus vite les premiers cas et adopter les bons gestes permet de surveiller et limiter la transmission par le moustique tigre », rappelle le Dr Grégory Emery. « Ceci pour empêcher l’initiation d’une chaîne de cas autochtones, notamment à l’arrivée des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) qui devraient accueillir beaucoup de visiteurs », précise-t-il. Pour rappel, la déclaration des cas de dengue est obligatoire en France.
En 2024, des cas importés à 82 % des Antilles françaises
Si la situation actuelle ne surpasse pas pour le moment celle de l’épidémie de 2010 et ses 40 000 cas en France métropolitaine, elle compte cette fois beaucoup plus de cas importés (un peu plus de 200 cas au pic en 2010 contre 1 679 en ce début 2024). Selon le rapport de SPF, les cas importés dans l’Hexagone depuis 2023 sont à plus de 60 % des retours des Antilles françaises, voire 82 % pour la période janvier-avril 2024. Ils sont répartis sur la France entière, notamment dans les régions les plus peuplées et concernent plutôt des personnes de plus de 65 ans. En effet, en Guadeloupe et Martinique, une épidémie de dengue a démarré mi-2023 et a connu une forte hausse en septembre-octobre avec 200 cas par semaine avant de se stabiliser jusqu’à maintenant. « Elle pourrait reprendre avec le début de la saison des pluies », prévient la Dr Caroline Semaille.
Des cas souvent asymptomatiques
Le directeur général de la santé rappelle que la dengue « touche indifféremment toutes les classes d’âge et que la majorité des cas infectés ne vont présenter que peu de symptômes, voire aucun ». La dengue se manifeste généralement par de la fièvre, des maux de tête, des nausées et des vomissements. Son traitement est symptomatique et le directeur rappelle que « les AINS et l’aspirine sont contre-indiqués du fait du risque de dengue hémorragique ». Cette forme reste cependant rare et ne représente que 1 % des cas.
Le Dr Emery a également annoncé qu’un DGS -Urgent sera adressé aux professionnels de santé avec les recommandations et messages à diffuser. Selon la direction de la santé, la difficulté sera de repérer les cas de dengue parmi les voyageurs qui n’iront pas forcément consulter, en présence de symptômes ou non. À ce titre, une communication sera faite dans les aéroports à destination des voyageurs arrivant en France. Le directeur a aussi rajouté que des campagnes d’information seront mises en place par les autorités de santé et l’organisation des JOP.
La Haute Autorité de santé (HAS), quant à elle, a été saisie pour émettre des recommandations sur la vaccination contre la dengue pour les voyageurs et/ou les résidents en zone endémique, tenant compte des vaccins disponibles en Europe. Ces dernières devraient être publiées à partir de juin 2024 et intégrées par la suite au calendrier vaccinal. Elles différeront selon l’âge, le statut immunitaire (car un des vaccins disponibles nécessite d’avoir déjà été infecté), les pathologies sous-jacentes et la population cible.
Mesures de prévention contre le moustique tigre
- Éliminer les eaux stagnantes pour éviter la prolifération des moustiques (coupelles de jardin et gouttières) ;
- Se protéger des piqûres lors de voyages dans les zones à risque pour éviter de contracter la maladie et de la ramener en métropole : vêtements longs et amples, moustiquaires, ventilateurs et répulsifs cutanés ;
- Se protéger des piqûres pendant trois semaines lors du retour de zone à risque afin de ne pas infecter un moustique vecteur qui pourrait le transmettre ;
- Consulter un médecin en cas de symptômes de fièvre au retour d’une région à risque.
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