Une vaste étude de cohorte française publiée le 19 mars dans la revue PLOS Medicine suggère que la consommation d'édulcorants serait associée à un risque accru de cancer.
« Compte tenu des effets délétères de la consommation excessive de sucre sur la santé (prise de poids, troubles cardiométaboliques, caries dentaires…), l’Organisation mondiale de la santé recommande de limiter la consommation de sucres libres à moins de 10 % de l’apport énergétique quotidien », rappelle l’Inserm dans un communiqué. Depuis les années 1970, pour conserver la saveur sucrée des denrées alimentaires tout en abaissant leur teneur en sucre, l’industrie alimentaire a de plus en plus tendance à remplacer le sucre naturel par des édulcorants artificiels tels que l’aspartame, l’acésulfame-K ou le sucralose. « Afin d’augmenter la saveur de certains aliments, les fabricants incluent (même) ces édulcorants artificiels dans certains produits qui ne contiennent traditionnellement pas de sucre ajouté (les chips aromatisées par exemple) », ajoute l’Inserm.
Des substances de plus en plus controversées
Cependant, ces substances apparaissent de plus en plus controversées, des études ayant suggéré un risque accru de diabète, des effets sur le microbiote intestinal, etc. « La cancérogénicité de certains additifs alimentaires a aussi été suggérée par plusieurs études expérimentales », souligne l’Inserm. Toutefois, les « données épidémiologiques solides » permettant de prouver le rôle de la consommation quotidienne d’édulcorants sur l’apparition de diverses maladies dont le cancer manquent encore.
Ainsi, des chercheurs de l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Eren) issus de l’Inserm, du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), de l’Inrae et de l’Université Sorbonne Paris Nord ont décidé d’estimer « les associations entre la consommation d’édulcorants (totale et les plus souvent consommés) et le risque de cancer (global et par types de cancer les plus fréquents) dans une vaste étude en population », résume l’Inserm. Ils se sont penchés sur les données de consommation alimentaire communiquées entre 2009 et 2021 par les plus de 100 000 adultes inclus dans la cohorte NutriNet-Santé. Des informations sur d’éventuels diagnostics de cancer ont également été recueillies ainsi que sur de potentiels facteurs confondants (âge, sexe, activité physique, tabagisme, IMC, diabète, antécédents, consommation d’alcool, consommation déséquilibrée, etc.).
L’aspartame et l’acésulfame-K plus à risque
Résultats : comparés aux non-consommateurs, les personnes qui consommaient le plus d’édulcorants avaient un risque plus élevé de développer un cancer, tous types confondus (HR 1,13). Le surisque était plus important pour l’aspartame et l’acésulfame-K (HR 1,15 et 1,13 respectivement) par rapport aux autres édulcorants étudiés.
De même, l’association entre risque de cancer et consommation d’édulcorants était plus marquée pour certains cancers. Ainsi, des risques plus élevés ont été observés pour le cancer du sein (HR 1,22) et les autres cancers liés à l’obésité (HR 1,13). À savoir, selon l’Inserm, les cancers du pancréas, foie, côlon-rectum, endomètre, rein, œsophage, bouche, larynx, pharynx, estomac, vésicule biliaire, ovaires et prostate.
« Ces résultats ne soutiennent pas l’utilisation d’édulcorants en tant qu’alternatives sûres au sucre et fournissent de nouvelles informations pour répondre aux controverses sur leurs potentiels effets néfastes sur la santé. Ils fournissent par ailleurs des données importantes pour leur réévaluation en cours par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et d’autres agences de santé publique dans le monde », conclut le Dr Mathilde Touvier, directrice de Recherche à l’Inserm et coordinatrice de l’étude.
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce