Une nouvelle étude publiée dans The New England Journal of Medicine (NEJM) met en évidence l’intérêt d’administrer des inhibiteurs de pompe à protons (IPP) en prophylaxie de l’ulcère de stress pour réduire le risque de saignements gastro-intestinaux chez les patients intubés en soins intensifs. Les résultats des études précédentes ne permettaient pas de conclure clairement à la balance bénéfice/risque.
L’objectif principal de cette étude appelée Revise était d’observer durant 90 jours l’incidence de saignements gastro-intestinaux cliniquement importants, c’est-à-dire avec un retentissement hémodynamique, une intervention thérapeutique en soins intensifs ou une réadmission en soins intensifs. Les auteurs ont démontré que les IPP en prophylaxie avaient un effet significatif : 1 % d’incidence pour les patients traités par pantoprazole contre 3,5 % des patients sous placebo. En termes de sécurité, l’IPP n’améliore pas significativement la mortalité toutes causes confondues, sans l’aggraver, et ce, quelle que soit la sévérité de la situation clinique.
Des résultats à nuancer
Pour les objectifs secondaires, les chercheurs n’ont pas observé de différence sur la survenue de pneumonie ou d’infection à Clostridioides difficile entre le groupe pantoprazole et le groupe témoin, une crainte à la suite de données d’études antérieures. Du point de vue des patients, l’IPP s’est aussi révélé significatif sur la réduction de la survenue de saignement important, qu’ils définissaient comme nécessitant une transfusion, un traitement par vasopresseurs, une endoscopie diagnostique, une angiographie par tomodensitométrie, une chirurgie ou résultant en un handicap, une hospitalisation prolongée ou le décès.
Dans un éditorial, le Dr Samuel Brown nuance quelque peu ces résultats, s’appuyant sur le fait qu’une méta-analyse récente met en évidence une mortalité accrue chez les patients en situation sévère traités par antiacides en prophylaxie. Il conclut qu’il mettra en place dans sa pratique clinique au regard de ces résultats : une prescription d’IPP en prophylaxie pour les situations modérément sévères et, pour les plus graves, une administration seulement aux patients traités par antiplaquettaires.
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