L’hypnose pourrait s’avérer efficace dans le traitement de l’obésité chez certains patients. Et ce, en favorisant la réduction de l’impulsivité alimentaire. C’est ce que suggère un récent communiqué relatif à une étude clinique de l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) publiée dans l’American Journal of Clinical Nutrition (AJCN).
Comme le rappelle l’AP-HP, parmi les mécanismes qui « conduisent à la prise involontaire de poids » ou « entravent les efforts d’amaigrissement », comptent des phénomènes biologiques, génétiques, environnementaux, etc. mais aussi psycho-comportementaux. À l’instar de l’impulsivité et la désinhibition alimentaire excessive, « souvent sous-estimée voire imperceptible », souligne l’instance. Ainsi les interventions hygiéno-diététiques apparaissent-elles souvent insuffisantes.
L'hypnose efficace contre certains comportements alimentaires délétères
Dans ce contexte, l’hypnose serait avancée comme un traitement potentiel. « L’hypnose est proposée depuis très longtemps par des "hypnothérapeutes" ou des "hypno praticiens" », souligne le Pr Boris Hansel, responsable de l’étude, mais les preuves manquent encore pour confirmer l’intérêt de cette méthode.
Pour tenter d'y voir plus clair, une équipe de diététiciens et nutritionnistes de l’AP-HP a recruté 82 personnes en situation d’obésité. « Pour être inclus, les volontaires devaient présenter une forte impulsivité alimentaire, en particulier une désinhibition alimentaire élevée, évaluée en début d’étude à l’aide d’un questionnaire (TFEQ 51) », précise l’AP-HP. Les participants ont été randomisés soit pour recevoir un accompagnement classique pendant 8 semaines, soit pour bénéficier, en plus, de « séances d’hypnose Ericksonienne et d’apprentissage de l'autohypnose ».
Résultat : « à l’issue des 8 semaines de suivi, il a été remarqué que les patients ayant bénéficié de l’hypnose thérapeutique présentaient une baisse de leur impulsivité alimentaire traduite par la réduction de leur score de désinhibition comparativement aux sujets qui suivaient uniquement le programme diététique », résume l’AP-HP. En effet, comme indiqué dans l'étude, le score de désinhibition des patients du bras interventionnel était en moyenne plus de 4 points plus bas que celui des patients du groupe contrôle. « 67,7 % des adultes du groupe hypnose avaient normalisé leur désinhibition - contre 11,1 % dans le groupe contrôle », ajoutent les auteurs.
Confirmer à long terme l'impact de l'hypnose sur la perte de poids
Cependant, pour l’heure, cette modification de comportement alimentaire ne se traduirait pas encore en termes de poids. « À ce stade de l’étude, la différence de perte pondérale entre les deux groupes est encore faible, admet l’AP-HP. Les auteurs ont tout de même observé « une tendance à la baisse chez les patients du groupe hypnose » puisque les volontaires du groupe interventionnel présentaient un poids légèrement moindre (- 1,8 kg) et un IMC légèrement abaissé (- 0,8 point) par rapport à ceux du groupe témoin.
En attendant plus de données concernant un potentiel impact à long terme, l’hypnose et l’autohypnose pourraient être d'ores et déjà « proposées dans le cadre du traitement de certains patients obèses », estime l’AP-HP, qui pointe les faibles coûts associés à l’hypnose. « Des sessions collectives telles que réalisées dans l’étude sont par ailleurs tout à fait organisables et peu onéreuses. »
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