Neuf millions. Tel est le nombre de décès qui pourraient être attribués dans le monde à la pollution environnementale. C’est ce qu’indique un rapport publié ce 18 mai 2022 dans le Lancet Planetary Health.
En fait, comme un communiqué du Lancet, la Commission sur la pollution et la santé de la revue avait déjà proposé, en 2017, une première estimation de l’impact de la pollution sur la mortalité dans le monde. Pour ce faire, l’instance s’était appuyée sur des données de 2015 issues de l’étude sur le fardeau global de la maladie (Global Burden of Disease – GBD). À l’époque, la commission avait déjà estimé le nombre de décès attribuables à la pollution à neuf millions environ, soit à 16 % de la mortalité totale.
La mortalité liée à la pollution stable depuis 2015
Cinq ans plus tard, la même commission a souhaité renouveler l’expérience et actualiser son estimation. Le groupe s’est à nouveau appuyé sur la nouvelle version de l’étude GBD, qui concerne cette fois des données de 2019. Ont également été réalisées « des mises à jour méthodologiques, ainsi qu'une évaluation des tendances depuis 2000 ».
Résultat : selon ce nouveau rapport, la mortalité attribuable à la pollution ne baisse pas. La pollution environnementale reste à l’origine de neuf millions de morts, soit « un décès sur six dans le monde », souligne le Lancet. Ce chiffre global cache tout de même des évolutions selon les types de pollution en cause.
Moindre fardeau de la pollution liée à la grande pauvreté
En effet, des efforts ont permis de réduire significativement le fardeau de la pollution liée à la grande pauvreté. C’est-à-dire le nombre de décès liés à la consommation d’eau insalubre et à la pollution de l’air domestique par des combustibles solides. Une dynamique qui aurait d’ailleurs été amorcée il y a une vingtaine d’années, dans les années 2000. « (Ces progrès) peuvent être expliqués par l’amélioration de l’approvisionnement et de l’assainissement de l’eau, ainsi que de l’accès aux antibiotiques (…) et des carburants plus propres », explique le Lancet.
Cependant, « ces (avancées) sont éclipsées par une augmentation des décès dus à la pollution industrielle », déplore la revue. En effet, la mortalité liée à cette « pollution moderne » aurait augmenté de 66 % au cours des deux dernières décennies. Le nombre de morts attribuable à la pollution de l’air ambiant s’est notablement accru, passant de 2,9 en 2000 à 4,2 millions en 2015 et à 4,5 millions en 2019. De même, la mortalité due à la pollution chimique a bondi de 0,9 million en 2000 à 1,7 million en 2015 puis à 1,8 million en 2019 – des chiffres qui pourraient s’avérer sous-estimés puisque « seul un faible nombre de (produits chimiques) ont vu leur sécurité et leur toxicité correctement testées », note le Lancet.
Plus de décès liés à la pollution industrielle, surtout dans les pays pauvres
Quoi qu’il en soit, cette nouvelle pollution continue d’affecter en particulier les pays les plus pauvres, souligne le premier auteur du rapport, Richard Fuller. Selon l’étude, 92 % des décès liés à la pollution seraient enregistrés dans les pays à bas et moyen revenus.
Dans ce contexte, les auteurs de ce travail formulent huit recommandations. « Il s'agit notamment d'appels à la création d'un groupe scientifique/politique indépendant sur la pollution fondé sur le modèle du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), à un financement accru pour la lutte contre la pollution (…), à une amélioration de la surveillance de la pollution », résume le Lancet.
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