Une courte durée de sommeil dans les premières années de vie pourrait être associée à un taux accru de cytokines pro-inflammatoires, et favoriser par ce biais l’apparition ultérieure de pathologies chroniques. Telle est la conclusion d’une étude menée par une équipe Inserm et publiée dans la revue Brain, Behavior & Immunity - Health.
Chez l’adulte, de nombreux travaux ont montré un lien entre déficit de sommeil et augmentation de cytokines, connues pour être associées à différentes pathologies chroniques comme l’obésité, le diabète, l’athérosclérose, la polyarthrite rhumatoïde ou encore la dépression. En revanche, peu de données sont disponibles chez l’enfant.
Pour combler cette lacune, l’équipe de Sabine Plancoulaine, du Centre de recherche en épidémiologie, s’est penchée sur un échantillon d’enfants de la cohorte EDEN,destinée à étudier les déterminants pré et postnataux du développement et de la santé infantile. Parmi les 1 899 sujets suivis depuis leur naissance, 687 avaient bénéficié de dosages de plusieurs cytokines (IL‑6, IL-10, INF‑γ, TNF‑α) à l’âge de 5 ans dans le cadre d’une autre étude. Dans ce sous-groupe, les auteurs ont étudié le lien entre sommeil et taux de cytokines.
Des taux d'IL‑6 et de TNF‑α augmentés chez les petits dormeurs
Ils ont montré qu’une durée de sommeil plus courte ( < 10 heures) ou changeante entre 2 et 5 ans est associée à des niveaux accrus d’IL‑6 et de TNF‑α à l’âge de 5 ans, et ce, indépendamment d’autres paramètres susceptibles d’impacter le sommeil et les taux de cytokines (sexe, âge gestationnel à la naissance, durée de l’allaitement, indice de masse corporelle, allergies, utilisation d’antibiotiques, niveau d’activité physique, habitudes alimentaires…). En revanche, aucune association entre la durée du sommeil et les taux d’IL-10 ou d’IFN‑γ n’a été observée.
« Cette étude ne permet pas d’établir un lien causal, mais elle suggère que les habitudes de sommeil pourraient avoir un impact sur les taux sériques de certaines cytokines pro-inflammatoires dès l’âge préscolaire, explique Sabine Plancoulaine. Or, un effet cumulatif au cours de la vie, agrégé à d’autres facteurs environnementaux, pourrait provoquer l’apparition de troubles de santé ultérieurs ».
À chaque âge son temps idéal de sommeil
Alors que dans une étude antérieure, la même équipe avait déjà établi un lien entre sommeil et qualité de la vie à l’âge de cinq ans, ce travail souligne une nouvelle fois l’importance du sommeil dès la petite enfance. Et plaide à nouveau pour le « respect des recommandations sur la durée de sommeil à tous les âges, et cela dès la petite enfance », conclut la chercheuse.
Ci-dessous, les durées de sommeil recommandées selon l’âge :
Source : Inserm, selon National Sleep Fondation
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