Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) veut donner le ton. « La crise climatique est une crise sanitaire, par conséquent la priorité qui doit être accordée à la santé et au bien-être dans l’action climatique est non seulement un impératif moral et juridique, mais aussi une occasion stratégique d’aboutir à des avantages transformateurs pour la santé afin de parvenir à un avenir plus juste et équitable », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus en amont de l’ouverture ce 11 novembre 2024 de la 29e conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP29), qui se tiendra à Bakou jusqu’au 22 du mois.
La COP28 avait inclus pour la première fois une journée dédiée à la santé ayant abouti à une déclaration signée par 123 pays et un appel à l’action rejoint par plus de 40 millions de professionnels de la santé. L’OMS demande d’aller plus loin cette année dans un communiqué publié ce 7 novembre, au lendemain de l’élection à la Maison blanche de Donald Trump considéré jusque-là comme climatosceptique.
Élaboré en collaboration avec plus de 100 organisations et 300 experts, le rapport spécial COP 29 d’une centaine de pages de l’OMS décrit les principales mesures « visant à protéger l’ensemble des populations, en particulier les quelque 3,6 milliards de personnes qui vivent dans les zones les plus sensibles au changement climatique ». Chaleurs et événements météorologiques extrêmes, pollution de l’air, maladies vectorielles, mais aussi impacts indirects sur les systèmes de soins, les conséquences du changement climatique sont multiples et massives.
Pour la Dr Vanessa Kerry, envoyée spéciale du directeur général de l’OMS pour les changements climatiques et la santé : « Ce rapport présente comment l’accélération de la crise climatique et sanitaire a un impact sur notre santé, mais aussi comment elle fragilise les économies, creuse les inégalités et alimente l’instabilité politique. »
« Aujourd’hui, nous nous trouvons dans une situation inacceptable où les personnes les plus vulnérables du monde paient le prix fort pour un problème qu’elles n’ont pas causé, renchérit pour sa part la Dr Micaela Serafini, présidente de Médecins sans frontières (MSF), Suisse. Il convient d’accorder la priorité aux solutions permettant de préserver leur santé, le bien-être des personnes étant placé au cœur de l’action climatique. Si l’on n’y parvient pas, c’est l’essence même de l’humanité qui en pâtira. »
Mettre fin à la dépendance aux combustibles fossiles
L’OMS appelle ainsi « à mettre fin aux subventions et à la dépendance aux combustibles fossiles », et ce « en investissant dans des alternatives propres et durables ». Des solutions ont fait leurs preuves, poursuit l’organisation onusienne. « Il s’agit uniquement de cinq interventions (…) qui permettraient de sauver près de deux millions de vies par an », estime-t-elle. Et de citer en premier lieu des systèmes d’alerte chaleur-santé, une énergie domestique propre et une tarification efficace des combustibles fossiles, puis l’électrification des systèmes de soins primaires (énergie solaire, dispositifs médicaux) ainsi que l’accès à l’eau et à des installations d’hygiène sanitaire.
L’OMS déplore aussi le peu d’actions menées par les pays pour protéger la santé dans le cadre des contributions déterminées au niveau national (CDN) sur le climat en vertu de l’Accord de Paris. « Tandis que la santé est identifiée comme une priorité dans 91 % des CDN, peu d’entre elles décrivent des actions spécifiques pour tirer parti des avantages sanitaires de l’atténuation et de l’adaptation au changement climatique ou pour protéger la santé contre les risques liés au climat », constate-t-elle.
Dans l’objectif de changer cet état de fait, en particulier pour « renforcer les systèmes de santé » (résilience et décarbonation), l’OMS publie des critères de qualité pour des « CDN saines », c’est-à-dire intégrant la dimension santé. Des mesures pratiques sont décrites dans un document en ligne à destination des ministères de la Santé, de l’Environnement mais aussi d’autres secteurs tels que les transports, l’énergie, l’urbanisme ou encore les services d’approvisionnement en eau et d’assainissement. Outre ses propres initiatives, l’OMS rassemble 90 pays et 75 partenaires au sein de l’Alliance pour une action transformatrice sur le climat et la santé (Atach) depuis la COP26.
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