On les appelle les soins écoresponsables ou, plus simplement, les écosoins. Cette nouvelle conception de l’acte soignant consiste à penser le soin en réduisant son impact sur l’environnement. Mais attention : « Il ne s’agit pas pour autant de faire des soins différents si l’on n’assure pas d’abord la qualité, la sécurité et la pertinence des soins », explique Anne Vitoux, responsable de la qualité pertinence à la direction générale de l’offre de soins (DGOS, ministère).
Cette approche fait partie d’un plan global défini dans la feuille de route de la planification écologique du système de santé publiée en mai 2023. L’un des grands objectifs consiste à faire baisser de 5 % par an jusqu’en 2050 les émissions de gaz à effet de serre du secteur sanitaire et médico-social. Ce qui n’est pas une mince affaire.
C’est la raison pour laquelle l’Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux (Anap) est en train de collecter les initiatives existantes à travers un questionnaire en ligne* afin de disposer d’un état des lieux sur lequel se fonder pour avancer. Car tous les hôpitaux ne sont pas au même degré de maturité sur ce sujet.
Green team
À Paris, le groupe hospitalier Saint-Joseph (privé à but non lucratif) possède une longueur d’avance. La Dr Olivia Mazzaschi, cheffe de service adjointe en ORL, illustre par l’exemple la dynamique enclenchée par l’établissement du sud de la capitale : « Il existait déjà de nombreuses initiatives dans le traitement des déchets et du tri, mais empêchées par des problèmes de communication entre les équipes. Nous manquions de visibilité et de temps. Nous avons choisi d’organiser et de former une “green team” pour passer à l’échelle supérieure ».
Le noyau des opérations antigaspis est l’entrée des blocs opératoires
Dr Olivia Mazzaschi
Quelles actions ont été lancées ? « Le noyau des opérations antigaspis est l’entrée des blocs opératoires, explique la médecin. Dans les files d’intervention, nous avons expliqué la différence entre les matériels indispensables et optionnels. Nous avons aussi étiqueté les dispositifs médicaux (DM) afin de sensibiliser les personnels sur le gâchis et privilégié les DM réutilisables ». Les réserves ont également été optimisées afin d’éviter que les DM n’arrivent à péremption. Les plus proches de la date sont renvoyés dans d’autres services qui les utilisent plus fréquemment. Des kits pour le matériel anesthésique sont réactualisés afin de limiter les emballages.
Badigeons réutilisables
Une autre démarche qui a consisté à remplacer des plateaux de badigeons jetables (pour de l’asepsie cutanée au bloc opératoire) par des instruments réutilisables a entraîné une baisse des émissions de carbone de moitié, soit une économie de 3,4 tonnes équivalent CO2 par an et de 300 kg de plastique sur trois ans.
Désormais, Saint Joseph veut accélérer la cadence. Un nouvel appel à projet pour remplacer des lames de laryngoscope jetables (pour intuber les patients) par des lames d’acier stérilisables permettra d’économiser une tonne par an de métal, soit 14 tonnes équivalent CO2 et 12 000 euros de dépenses annuelles en moins, une fois la phase d’investissement initiale passée. Fort de toutes ces initiatives, l’hôpital espère obtenir le label « green bloc » en juin.
* Ouvert jusqu’au 30 avril. Les démarches écoresponsables collectées seront restituées lors d’une webconférence le 13 juin
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