Depuis le début de la pandémie, de nombreuses voies alertent quant à l’impact potentiel de la crise sanitaire sur le diagnostic des cancers. Une étude espagnole présentée lors du congrès européen de gastroentérologie, qui se tient actuellement de façon virtuelle (UEGW 3-5 octobre), enfonce le clou en montrant que le nombre de cas de cancers colorectaux (CCR) diagnostiqués a chuté de 40 % en un an pendant la pandémie de Covid-19.
Ce travail qui a été mené dans plusieurs hôpitaux espagnols, a comparé les données de la première année de l'épidémie à celles de l'année précédente. Sur 1 385 cas de CCR identifiés au cours de ces deux ans, près des deux tiers (868 cas, 62,7 %) ont été diagnostiqués lors de l'année pré-pandémique contre seulement 517 (37,3 %) pendant la pandémie.
Plus de diagnostics tardifs
Loin d’être une bonne nouvelle, cette baisse traduit plutôt une conséquence de la suspension des programmes de dépistage et du report des coloscopies non urgentes pendant la pandémie, décryptent les auteurs. De fait, moins de cancers ont été repérés grâce au dépistage pendant cette période, avec seulement 22 cas (4,3 %) découverts par ce biais contre 182 (21 %) l'année précédente. A contrario, davantage de patients ont été diagnostiqués à un stade symptomatique (81,2 % vs 69 %) voire à un stade avancé de la maladie. Le nombre de cancers de stade IV diagnostiqués a ainsi augmenté au cours de l'année pandémique, représentant 19,9 % des cas, contre 15,9 % l'année précédente. De même, davantage de diagnostics ont été posés au stade de complications graves (perforations intestinales, abcès, occlusions intestinales et saignements) nécessitant une hospitalisation (10,6 % vs 14,7 %).
Un effet redouté sur la survie des patients
« Bien que ces chiffres concernent une population de 1,3 million d'Espagnols, il est fort probable que la même baisse des diagnostics se soit produite ailleurs dans le monde où le dépistage a été arrêté et les chirurgies reportées, en particulier dans les pays fortement touchés par le Covid-19 », estime le Dr María José Domper Arnal, (Saragosse) premier auteur de l’étude.
Alors que le cancer colorectal est souvent curable s'il est détecté à un stade précoce, « notre crainte est que nous perdions l'opportunité de diagnostiquer les patients à ce stade précoce, avec un effet sur l'évolution et la survie des patients susceptibles d'être observé dans les années à venir ».
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