Cas de Covid parmi les sportifs, malgré des indicateurs en baisse au niveau national ; multiplication « attendue » des épisodes de cas autochtones d’arboviroses ; et recul des noyades sans doute favorisé par des conditions météorologiques peu propices à la baignade. Santé publique France (SPF) a présenté ce 9 août un bilan intermédiaire des risques sanitaires de l’été.
L’agence reste « mobilisée » pendant les Jeux olympiques et paralympiques (JOP), a indiqué sa directrice générale, la Dr Caroline Semaille, lors d’une conférence de presse. « Le Covid n’est pas saisonnier », a-t-elle notamment rappelé. Il « s’invite chaque été ». Plusieurs cas ont été détectés chez des athlètes des Jeux. Certains sportifs ont participé aux épreuves malgré l’infection, voire les symptômes. C’est le cas de la Noah Lyles, médaille d’or du 100 m. Confirmé positif au Covid le 6 août, il était au départ de la finale du 200 m deux jours plus tard.
Si le Sars-CoV-2 circule toujours dans l’Hexagone, les indicateurs de surveillance de l’épidémie semblent afficher une amorce de reflux de l’épidémie. Après un pic à la mi-mai, les données ont fluctué pendant « plusieurs semaines », incitant SPF à la prudence dans l’interprétation des tendances, a détaillé Anna Maisa, chargée de projets et d’expertises scientifiques au sein de la direction des maladies infectieuses de SPF.
Depuis la semaine 31 (du 29 juillet au 4 août), les indicateurs syndromiques affichaient une très légère baisse en ville (actes SOS Médecins en recul de 0,6 point) et étaient globalement stables à l’hôpital. Une tendance similaire est observée pour les indicateurs virologiques en ville (- 0,6 pt) et à l’hôpital (- 2 pt), ainsi que dans les eaux usées (- 14 %), rapporte le dernier bulletin de SPF (7 août).
Le variant JN.1, sous-lignée d’Omicron, reste dominant en France et au niveau mondial. Dans l’Hexagone, ce variant et ses sous-lignages (dont KP.3.1.1) représentaient 99 % des séquences de l'enquête flash du 15 juillet. Le port du masque reste le principal outil de prévention de l’infection, à côté de la vaccination, pour limiter le risque de formes graves. À l’automne, la campagne de rappel s’appuiera sur un vaccin ARNm adapté à JN.1, précise Anna Maisa.
Déjà sept épisodes de transmission autochtone de dengue
Concernant les arboviroses, les cas importés de dengue atteignent cette année « un record » aussi bien en France qu’à l’international, indique la Dr Marie-Claire Paty, coordonnatrice de la surveillance des maladies vectorielles au sein de la direction des maladies infectieuses de SPF. « Plus de 3 000 cas importés » ont été recensés depuis le début de l’année, dont 1 000 depuis la mise en place en mai de la surveillance estivale renforcée, mais le nombre de cas hebdomadaire est en baisse, en lien avec le recul de l’épidémie aux Antilles et en Amérique latine, précise-t-elle.
Situation « attendue », les cas autochtones sont aussi en hausse par rapport à l’année dernière. Au 9 août, sept épisodes de transmission ont été enregistrés : à Montpellier (un cas), en Île-de-France (un cas), à La Colle-sur-Loup dans les Alpes-Maritimes (deux cas) et, plus récemment, sept cas ont été identifiés dans deux foyers, dans les Pyrénées-Orientales et en Lozère.
« Le risque s’installe », commente la Dr Paty, alors que seulement neuf épisodes avaient été recensés sur l’ensemble de la saison dernière. La situation « confirme » un démarrage « précoce » par rapport à 2023, le risque étant plus important « en août et en septembre », poursuit-elle. Un premier cas autochtone de chikungunya de l’année a également été signalé en Île-de-France, reflétant l’implantation du moustique tigre dans de nombreux territoires de l’Hexagone.
Le virus West Nile, transmis par les moustiques du genre Culex, est également présent. Historiquement installé autour du bassin méditerranéen, en Italie et en Grèce principalement, le West Nile a fait trois premiers cas dans l’Hexagone, à l’ouest de Toulon. Un premier cas autochtone a aussi été enregistré en Guadeloupe, un signal « important », alors que le virus est présent de longue date dans la zone Amérique.
Contre les arboviroses, la protection contre les piqûres (vêtements longs, répulsifs, moustiquaires, ...) reste l’une des meilleures préventions, y compris en journée, période d’activité du moustique tigre, et surtout « en début de matinée et en fin de journée », précise le Dr Bruno Coignard, directeur des maladies infectieuses de SPF. La prévention passe aussi par la lutte anti-vectorielle, avec la traque des eaux stagnantes et la démoustication des environnements de vie des cas détectés. Malgré son intérêt pour limiter l'exposition, l’intervention chimique contre les larves et les moustiques adultes dans les jardins privés peut « parfois » susciter « une réticence », relève le Dr Coignard.
Un recul des noyades, certainement lié à la mauvaise météo
Dernier point du bilan présenté par SPF, le nombre de noyades est en recul de 16 % par rapport à l’an dernier, selon le bulletin. Entre le 1er juin et le 30 juillet, 612 événements ont été comptabilisés, contre 730 sur la même période en 2023. La part des décès représente toujours environ un quart des noyades. En juin et juillet, 169 ont été recensés. Ce recul s’explique par des conditions « globalement défavorables à la baignade », à l’exception « notable » de la deuxième quinzaine de juillet, pendant laquelle les vagues de chaleur ont été associées à 272 noyades (+ 22 % par rapport à la même période en 2023), analyse Aymeric Ung, épidémiologiste à la direction des maladies non transmissibles et traumatismes de SPF.
Le risque concerne « tous les âges », insiste-t-il. La moitié des noyés sont des adultes et 33 % ont moins de 6 ans. Les noyades sont plus mortelles chez les adultes (46 % des noyades sont suivies d’un décès) que chez les moins de 6 ans (6 %). Les accidents sont fréquents dans les piscines privées pour les mineurs et en mer pour les majeurs.
La baignade des tout-petits doit s’accompagner d’une « surveillance rapprochée et continue », rappelle l’épidémiologiste. Les adultes doivent prendre en compte leur état de forme et les conditions environnementales (météo, respect des interdictions, pas de consommation d’alcool…). Globalement, le risque de noyade augmente avec les températures et l’ensoleillement, conditions propices à la baignade, et pendant les périodes de vacances et les week-ends, résume Aymeric Ung. Un pic a ainsi été observé le 20 juillet, jour de week-end au cours duquel les températures ont pu atteindre les 40 °C dans le Sud.
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