La cheffe de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), Hanène Romdhane, a démissionné de son poste mercredi 14 décembre.
Dans un communiqué, la Miviludes explique que, « à la suite de la décision du président de la Miviludes (Christian Gravel) de mettre un terme à sa mise à disposition, la cheffe de la Mission a choisi de démissionner de ses fonctions ». Magistrate, donc dépendante du ministère de la Justice, Hanène Romdhane, avait été mise à disposition en avril 2021 pour mener à bien sa mission à la tête de la Miviludes.
L'avenir de la Miviludes, initialement rattachée à Matignon, avait longtemps été incertain. D’octobre 2018 à janvier 2020, la Mission était restée sans personne à sa tête après le départ du Dr Serge Blisko, généraliste de formation.
Mi-2020, la Miviludes avait finalement été rattachée au ministère de l’Intérieur auprès du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR). Une nouvelle organisation qui avait inquiété notamment les acteurs du monde de la santé. Mais en février 2021, Marlène Schiappa, alors ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur chargée de la citoyenneté, avait annoncé vouloir renforcer la mobilisation contre « les violences et l’emprise sectaire » et avait nommé Hanène Romdhane, à la tête de la Miviludes.
Pas assez de moyens
Dans son communiqué, le président de la Miviludes « tient à saluer son travail, réalisé avec l’ensemble des conseillers de l’équipe, depuis avril 2021 : qu'il s'agisse du suivi des nombreuses saisines, des formations assurées auprès d'agents de l'État, des liens avec les différents services ministériels, ou, encore, de la qualité de la rédaction du dernier rapport d’activité ».
Il évoque également la « montée en puissance » de la Miviludes avec « la mise en place d’appels à projets » et le « renforcement des moyens humains ». « Ce renfort en termes de personnels a vocation à être prolongé », ajoute le communiqué.
Pourtant, selon une enquête du journal en ligne « Les Jours », qui a révélé la démission d’Hanène Romdhane, c’est justement le manque de moyens humains et financiers qui a motivé son départ. L’enquête souligne aussi la perte d’indépendance politique de la structure depuis son rattachement au ministère de l’Intérieur. « Quand la Miviludes était à Matignon, elle était hiérarchiquement au-dessus des autres ministères. Aujourd’hui, elle est en dessous. Concrètement si elle voyait un problème sur un sujet qui concernait l’éducation ou la santé, elle pouvait prendre la parole ou agir directement. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus compliqué, il y a beaucoup d’intermédiaires », explique un témoin dans l’article.
Pourtant le dernier rapport d’activité de la Miviludes, publié en novembre dernier, témoigne de la vivacité du phénomène sectaire et particulièrement dans le domaine de la santé. 25 % des saisines en 2021 concernaient effectivement ce secteur.
Il y a un an une dizaine d'associations et collectifs avaient interpellé le gouvernement pour qu'il alloue des moyens « accrus » à la Miviludes. Suite à la publication du dernier rapport d’activité, Sonia Backès, secrétaire d’État auprès du ministère de l’Intérieur chargée de la citoyenneté, a annoncé l’organisation en mars prochain des premières « Assises nationales de lutte contre les dérives sectaires ».
Elles permettront « d’amplifier la réponse de l’État face à l’accroissement de la menace sectaire », souligne le communiqué de la Miviludes. Ces Assises ont aussi pour objectif de « mettre en place une nouvelle méthode de travail collective, entre acteurs publics et privés, pour renforcer, encore, la politique de lutte contre les dérives sectaires et l’accompagnement des victimes ».
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