C’est une avancée notable en matière de lutte contre le cancer : la participation au dépistage organisé du cancer colorectal a significativement progressé en France sur la période 2020-2021. C’est ce dont se félicite Santé publique France, qui a publié le 15 mars les données actualisées concernant ce programme.
Taux de participation record de près de 35 %
Depuis 2010, tous les Français âgés de 50 à 74 ans peuvent participer à un rythme bisannuel à un dépistage organisé du cancer colorectal. Un programme fondé sur la détection de sang occulte dans les selles et qui a montré sa capacité à « réduire la mortalité par cancer colorectal » en favorisant la prise en charge précoce des lésions cancéreuses voire précancéreuses, rappelle Santé publique France. Cependant, les indicateurs de participation, régulièrement calculés par l’agence restaient bas depuis le lancement du dépistage.
Or la donne pourrait commencer à changer. Car selon Santé publique France, au cours de la période 2020-2021 – la dernière suivie par l’agence –, un record de participation a été atteint. « La participation au programme de dépistage organisé du cancer colorectal est la plus élevée depuis 2010 », se félicite l’instance sur son site web. De fait, « 6,1 millions de personnes ont réalisé un test de dépistage du cancer colorectal en 2020-2021 », soit près de 35 % des sujets éligibles – contre 30,5 % en 2018-2019, par exemple.
L'objectif de 45 % de participation encore loin
À noter que ce taux de réponse global cache toutefois des différences entre les divers sous-publics éligibles au dépistage. Ainsi les femmes continuent de se soumettre un peu plus volontiers au dépistage que les hommes, puisque près de 36 % des patientes ciblées ont répondu présentes en 2020-2021 – contre 33.5 % des hommes seulement. Autre facteur de variabilité : l’âge. En effet, le taux de participation « augmente avec l’âge », passant par exemple de moins de 32 % chez les hommes de 50-54 ans à près de 40 % chez les patients de 70-74 ans. En outre, des disparités régionales demeurent. Ainsi des régions insulaires telles que la Corse, la Guadeloupe ou encore la Guyane restent particulièrement réfractaires au dépistage avec des taux de participation de 17,3 %, 17,0 % et même 8,1 %, respectivement, quand le Maine et Loire s’approche au contraire de la barre des 50 %.
Quoi qu’il en soit, pour Santé publique France, il semble encore trop tôt pour crier victoire d'autant que ce chiffre de 35 % reste encore éloigné du « standard européen », fixé à 45 %, déplore l’agence.
Un potentiel effet de rattrapage de 2019
Mais surtout, les épidémiologistes peinent à comprendre cette récente hausse de la participation au dépistage. D’autant qu’alors que la crise sanitaire et en particulier les confinements de 2020 ont détourné nombre de patients des dépistages et consultations liés à d’autres cancers, elle « ne semble pas avoir eu d’impact important sur la participation (à ce) programme à l’échelle nationale », s’étonne Santé publique France.
En fait, pour l’instance, cette augmentation de la participation pourrait soit être due à une réelle amélioration de l’adhésion de la population au dépistage, soit relever d’un effet de « rattrapage des résultats dû à une rupture d’approvisionnement des kits de dépistage » enregistrée en 2019. Aussi, Santé publique France temporise. « Il faudra attendre les résultats de l’an prochain pour mieux (…) interpréter ceux des deux dernières années. »
Restera aussi, à évaluer l’impact d’une nouvelle mesure censée favoriser l’adhésion mise en place ce mois de mars : la possibilité pour les personnes éligibles sans facteur de risque particulier de commander en ligne le kit de dépistage (après identification sur le site de l’Assurance Maladie et connexion à monkit.depistage-colorectal.fr) et de le recevoir directement à domicile. Jusqu'à présent ce kit pouvait être obtenu qu’auprès des médecins traitants, gastro-entérologues, gynécologues, spécialistes en génétique ou auprès d'un centre régional de coordination des dépistages des cancers.
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