Le gouvernement va-t-il réguler l’accès des enfants aux écrans ? Une commission présidée par le Pr Amine Benyamina, psychiatre et addictologue à l’hôpital Paul-Brousse (AP-HP), s’apprête à rendre dans les prochaines semaines des préconisations au président de la République. Début janvier, Emmanuel Macron a demandé à ces dix experts d’établir un consensus scientifique et de formuler des recommandations sur « le bon usage des écrans pour nos enfants ». « Il nous faut reprendre le contrôle de nos écrans, accompagner les familles […]. Il y aura peut-être des interdictions, peut-être des restrictions », avait déclaré le chef de l’État.
Depuis une quinzaine d’années, les autorités sanitaires se préoccupent des dangers des écrans sur le développement cognitif des enfants. En 2008, le Dr Serge Tisseron, psychiatre et docteur en psychologie, présentait la campagne du 3-6-9-12+ (pas d’écran avant trois ans, très peu avant six ans…). Ses préconisations ont été reprises par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique. En 2019, le Haut Conseil de la santé publique et l’Académie de médecine ont à leur tour recommandé de ne pas exposer les enfants de moins de trois ans aux écrans, en dehors de la présence d’un adulte. Plusieurs praticiens contactés rappellent régulièrement à leurs patients (et leurs parents) la « règle des 4 pas » : pas d’écran dans la chambre, pas le matin, pas pendant les repas et pas le soir avant de s’endormir. Des parlementaires s’emparent également du sujet. Deux députés LR, Annie Genevard (Doubs) et Antoine Vermorel-Marques (Loire), viennent de présenter un texte de loi pour que les enfants de moins de trois ans, gardés en crèche ou par une assistante maternelle, ne soient plus exposés aux écrans. Selon une étude de l’Ined et de l’Inserm d’avril 2023, les enfants de deux ans passent en moyenne cinquante-six minutes par jour devant les écrans. Ce temps passe à une heure et vingt minutes à trois ans et demi et une heure trente-quatre à cinq ans et demi. Le temps d’exposition aux écrans des plus jeunes – même s’il n’est pas le seul facteur à prendre en compte – est associé à de moins bons scores de développement cognitif global, en particulier dans les domaines de la motricité fine, du langage et de l’autonomie, et entraîne un risque accru de surpoids et d’obésité.
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Michel Desmurget (Inserm) : « Il manque une réelle volonté politique de s’attaquer au problème des écrans »
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