Près de deux ans après la révision des lois de bioéthique de 2021, le don de gamètes recueille plus que jamais la faveur des Français. Ainsi, 86 % d'entre eux déclarent soutenir la démarche, une opinion qui se renforce de 4 points par rapport à 2022, selon la dernière édition du baromètre d’opinion* de l'Agence de la biomédecine (ABM), publiée le 12 juin. Et qui déjoue les craintes exprimées avant le vote de la loi quant à une réticence des Français à donner dès lors que leur identité pourrait être révélée à l'enfant 18 ans plus tard.
Parmi ces Français favorables au don de gamètes, la moitié (48 %) se dit prête à faire un don, et même 62 % des 18-24 ans (+ 9 points par rapport à 2022). « Au-delà de cette forte intention, les jeunes (18-34 ans) se sentent également davantage concernés par le sujet que la moyenne (+10 points par rapport à l'ensemble des Français) », précise l'ABM.
Aider les couples
Le soutien au don repose sur le souci de permettre la parentalité à des couples en difficulté (argument avancé par 52 % des répondants), notamment à des couples de femmes ou des femmes célibataires (31 %). En outre, 40 % des participants évoquent un proche et/ou indiquent être eux-mêmes touchés par ce sujet du don de gamètes, et 28 % évoquent la solidarité et l’empathie.
Les principaux freins aux dons sont les mêmes qu'en 2022 : le fait que l’identité du donneur puisse être connue par la personne issue d’un don au moment de sa majorité pour 35 % des hommes interrogés, et la lourdeur du parcours médical pour les femmes.
La date du changement de cuve bientôt tranchée
Par ailleurs, la sixième réunion du comité de suivi de la mise en œuvre de la loi de bioéthique, qui réunit sous l'égide de l'ABM toutes les parties prenantes, a signé la fin d'un travail collaboratif sur la gestion des stocks de gamètes.
En effet, depuis le 1er septembre 2022, les centres de dons constituent de nouveaux stocks de gamètes grâce aux donneurs et donneuses qui acceptent de communiquer leurs informations aux enfants qui naîtront de leur don (à leur demande). Pendant la constitution de ce nouveau stock (recensant 17 000 paillettes fin 2022) et pour minimiser les destructions des gamètes d’anciens donneurs (113 000 paillettes fin 2022), les centres de don continuent d’attribuer des paillettes dites « anciens donneurs » aux personnes prises en charge en AMP.
Quand la bascule doit-elle s'opérer ? Un groupe de travail y réfléchit depuis le 6 mars. Trois réunions plus tard, l'ABM a proposé au ministère plusieurs scénarios présentant différentes dates possibles, à compter desquelles seuls les gamètes des tiers donneurs ayant consenti à l’accès aux origines seront délivrés. Parmi les critères pris en compte : les techniques d’AMP utilisées (FIV, insémination artificielle), le nombre de paillettes utilisées par essai et par technique, les taux de succès évalués, l’importance de l’ancien stock de gamètes, la dynamique de constitution du nouveau stock de gamètes et le nombre de demandes attendues dans les prochains mois.
La balle est désormais rue de Ségur, où le ministère fixera dans les prochaines semaines la date de destruction des anciens stocks de gamètes et d’utilisation exclusive des stocks de gamètes nouvellement constitués, en respectant deux principes : rendre pleinement effectif le droit d’accès aux origines le plus tôt possible sans mettre en difficulté les centres avec une échéance trop précoce - ce qui aurait pour conséquence d'allonger les délais d'attente et de créer une pénurie de gamètes.
*Ce baromètre a été réalisé par l’Institut Viavoice pour l’Agence de la biomédecine, par téléphone entre le 13 et le 27 février 2023, auprès d’un échantillon de 1 016 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
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